Très critiqué depuis son arrivée, Dimitar Berbatov est en train de justifier le lourd investissement consenti par Manchester United pour le faire venir de Tottenham il y a deux ans. Le Bulgare avait déjà réussi un excellent début de saison, marquant lors de trois des quatre premiers matches de la saison. Dimanche, il a atteint le statut de héros pour les fans des Red Devils en signant un «hat trick» contre le rival de toujours, Liverpool (3-2). On se souviendra longtemps de son deuxième but, un retourné du droit, préparé par un contrôle de la cuisse, qui est allé se loger juste dans la lucarne gauche de Pepe Reina. Un pur chefd'uvre. Et pourtant, il y a quelques mois à peine, l'achat de cet attaquant de 29 ans était encore considéré comme un échec. Ses 14 buts lors de sa première saison à Old Trafford et ses 12 la suivante étaient jugés insuffisants au regard des 30,75 millions de livres (36,8 millions d'euros) déboursés pour son transfert. Les supporteurs lui avaient aussi fait porter la responsabilité du mal-être croissant de Carlos Tevez, finalement parti à l'été 2009 chez l'autre ennemi juré, Manchester City. Or si l'Argentin était apprécié pour sa combativité, Berbatov renvoyait au contraire une image un peu trop «cool». «Les gens se sont posés beaucoup de questions sur lui l'année dernière. On en avait même fait une sorte de souffre douleur, au point qu'il a dû se demander s'il avait un avenir à Old Trafford», a rappelé le manager Alex Ferguson, avant d'affirmer que lui n'avait jamais douté. «Touche de génie» «Les joueurs ne s'adaptent pas toujours facilement après un gros transfert. Mais il faut avoir la foi. Nous sommes récompensés pour la confiance que avons maintenu à ce joueur qui possède une touche de génie», a-t-il dit. Pour Nemanja Vidic, le nouveau capitaine de Manchester, l'efficacité retrouvée de Berbatov provient aussi d'un changement tactique. «Il a compris ce qu'il avait à faire. Il se tient plus dans la surface, ce qui le rend plus dangereux», a expliqué le Serbe, soulignant l'«incroyable» technique balle au pied de son voisin balkanique. Résultat, l'ex-joueur du CSKA Sofia et du Bayer Leverkusen est en tête du classement des buteurs, avec le Français de Chelsea Florent Malouda, avec six buts, et même sept si l'on compte celui inscrit lors du Community Shields, le traditionnel match d'ouverture de la saison, contre les Blues. De quoi aviver les regrets de tout un pays car au printemps dernier, Berbatov a décidé de ne plus jouer en sélection, ayant perdu l'espoir de pouvoir un jour disputer une Coupe du monde. C'est ainsi que le meilleur buteur de l'histoire du football bulgare (48 buts, soit 11 de plus que le mythique Hristo Stoichkov) n'était pas à Wembley début septembre pour aider ses coéquipiers, étrillés 4 à 0 par l'Angleterre en éliminatoires pour l'Euro- 2012.