Les prévisions de la Banque mondiale pour la croissance en Algérie, énoncées mardi dernier dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, ont été revues à la baisse de 0,2% par rapport aux projections publiées au début de l'année en cours. Une prédiction, toutefois, contrée par les prévisions émanant du ministère des Finances algérien qui, lui, a publié, jeudi, les chiffres attendus pour 2021. Pour la Banque mondiale (BM), l'Algérie est l'un des pays exportateurs de pétrole de la région Mena qui tireront avantage de façon plutôt mitigée de la remontée des prix des hydrocarbures. À comparer avec les autres pays de la région Mena exportateurs de pétrole, l'Algérie n'est, en effet, ni le moins bien ni le mieux loti des pays dépendant du marché de l'or noir qui ont enduré les affres de la chute des prix induite par la crise sanitaire. En Algérie, selon le constat de la BM, l'évolution positive du marché pétrolier s'est heurtée à la faiblesse du secteur privé et à la reprise limitée de l'investissement public en raison des contraintes budgétaires. L'économie algérienne devrait évoluer de 3,6% en 2021 alors qu'il y a six mois, la BM prédisait une croissance du PIB de 3,8%. Révision à la baisse donc, mais une croissance bien meilleure que la moyenne attendue pour toute la région qui, si l'on doit se fier aux prévisions de l'institution, doit atteindre 2,4%. La BM inclut dans ses perspectives le risque que la croissance retombe dans les pays de la région Mena. Le risque persiste, explique la Banque mondiale, en raison de la possibilité d'un nouveau rebond de la pandémie, des retards dans les campagnes de vaccination, de la baisse des prix pétroliers dans les pays de la région à l'économie faiblement diversifiée, de la hausse des prix agricoles et de l'insécurité alimentaire, notant que les prix des produits de l'agriculture ont déjà augmenté de 30% l'année dernière et pourraient accroître encore l'insécurité alimentaire. Et à la BM de boucler sa liste des risques qui pourraient affecter les perspectives économiques par «la possibilité de troubles et de conflits sociaux (qui) constitue un risque de dégradation des perspectives et pourrait aggraver les perturbations économiques et les problèmes de sécurité alimentaire». Des perspectives de la Banque mondiale qui ne vont pas dans le même sens que celles énoncées par le gouvernement algérien qui, lui, dans l'avant-projet de loi de finances complémentaire pour 2021, table sur une croissance économique à 4,21% portée par la relance de l'investissement public. Perspectives énoncées à travers les chiffres publiés, en fin de journée de mercredi dernier, par le ministère des Finances qui prédit, en la revoyant à la hausse, la croissance économique de l'Algérie pour la situer à 4,2% en 2021, notamment grâce à la croissance du secteur des hydrocarbures qui devrait atteindre 10,1%. Prévue en début d'année à 3,98% dans la loi de finances initiale, la croissance attendue est «en relation avec le retour progressif de l'activité économique suite à l'amélioration de la situation sanitaire après le repli de la pandémie», a expliqué le ministère qui, en plus de voir les hydrocarbures enregistrer une évolution positive de 10,1%, prédit 3,2% de croissance pour le secteur hors hydrocarbures contre 2,4% au début de cette année, grâce entre autres à la reprise dans le secteur de la construction (3,8%) et des services marchands (3,6%). C'est donc à une embellie que s'attend le gouvernement qui, une fois n'est pas coutume, a fait état de la baisse remarquable du déficit de la balance commerciale durant les cinq premiers mois de cette année, passant de -3,9 milliards de dollars durant les cinq premiers mois de 2020 à -1,3 milliard de dollars à la fin mai 2021. Diminution du déficit que le ministère des Finances explique par, d'une part, la forte augmentation des exportations globales de marchandises et, d'autre part, les mesures prises dédiées à l'encadrement extérieur «(qui) ont permis de limiter les importations à hauteur de 15,2 milliards de dollars au cours des cinq premiers mois de 2021, contre 18,9 milliards de dollars à la même période de 2020, soit un repli de près de 20%». Azedine Maktour