Arrêté à la fin d'une conférence qu'il a donnée sur le mouvement national, samedi à Tichy (Béjaïa), Nordine Aït Hamouda a été présenté, dans l'après-midi d'hier, devant le juge d'instruction du tribunal de Sidi-M'hamed à Alger. Son interpellation a suscité une vague d'indignation et de dénonciation. Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Avec l'interpellation du directeur de la chaîne El Hayat TV, il est devenu évident que l'arrestation du fils du colonel Amirouche est en lien avec sa sortie controversée sur cette chaîne où il a évoqué et critiqué l'Emir Abdelkader. Arrêté samedi à Tichy (Béjaïa) par des éléments de la BRI, l'ancien député du RCD a été transféré à Alger et présenté, hier, devant le tribunal de Sidi-M'hamed, selon Arezki Aider, ancien député du même parti. La comparution d'Aït Hamouda devant le procureur puis devant le juge d'instruction fait suite à une plainte déposée par quelques avocats pour atteinte aux symboles du pays, dont l'Emir Abdelkader. Parmi ces avocats plaignants, certains ont fait partie du collectif qui avait déposé plainte contre l'islamologue Saïd Djabelkhir pour atteinte aux préceptes de l'Islam. L'arrestation de l'ancien député a soulevé une vague d'indignation et de dénonciation, et certains se sont offusqués du fait que les juges tranchent des questions relatives à l'Histoire comme ils ont déjà tranché des questions religieuses, au lieu que le débat soit ouvert où chacun fait sa lecture des évènements du passé comme du présent. Ainsi, la fondation Colonel Amirouche a dénoncé des «procédés d'un autre âge». «La fondation Colonel Amirouche dénonce énergiquement cet enlèvement (...) et partant, se dresse contre toutes les arrestations qui visent les porteurs de la parole de vérité́. L'opinion et la liberté́ qu'elle requiert sont sacrées et aucune autorité́ n'a le droit d'attenter à leur exercice», a affirmé la fondation dans un communiqué, appelant à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus d'opinion qui «est une exigence morale et politique pour laquelle nous devons tous nous mobiliser». Mettant en garde contre toute atteinte à l'intégrité́ physique et morale de Nordine Aït Hamouda et de tous les détenus d'opinion, la fondation a appelé la population au calme et à la retenue face à ce qu'elle qualifie de «provocations méthodiques et systématiques contre la Kabylie et les valeurs qu'elle nourrit». Pour sa part, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a dénoncé l'arrestation de l'ancien député, affirmant que la répression politique a, en quelques mois, connu toutes les formes et devenue systématique et n'épargne aucune catégorie sociale. En outre, le responsable du RCD a soutenu que l'arrestation de Nordine Aït Hamouda est un «dérapage». De son côté, le porte-parole du parti, Moulay Chentouf, a estimé qu'il était «inadmissible qu'un patriote, qu'un démocrate comme Nordine Aït Hamouda, fils du colonel Amirouche, qui a combattu pendant les années 90 l'islamisme politique, à leur tête le FIS et le GIA, subisse aujourd'hui une arrestation des plus arbitraires». Aussi, Chentouf appelle-t-il à «le libérer (Aït Hamouda, Ndlr) en toute urgence, au même titre que l'ensemble des détenus d'opinion, y compris le général-major à la retraite, Ali Ghediri. K. A.