Du renfort pour la prise en charge des toxicomanes dans les Centres intermédiaires de soins en addictologie (CISA). Trente médecins seront formés en sciences de toxicomanie, et cinquante autres psychologues et médecins en psychothérapie de «l'entretien motivationnel» pour renforcer les ressources humaines de ces centres. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Contribuant à la prévention de ce fléau de la toxicomanie dont souffre l'Algérie, le secteur de la santé assure aussi la prise en charge des toxicomanes. Pour ce faire, des structures de traitement de la toxicomanie ont été réalisées à travers presque toutes les wilayas. C'est ce que confirme le secrétaire général du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelhak Sayhi, qui souligne les «efforts considérables», consentis depuis des années pour consolider ces structures en termes de ressources humaines spécialisées. Il cite ainsi les deux promotions de médecins spécialisés en sciences de la toxicomanie formés en 2018. Pour renforcer cette équipe, une troisième promotion est prévue cette année. «Elle sera composée de 30 médecins», a-t-il précisé, hier à Alger, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la toxicomanie, placée sous le thème «Ensemble, stoppons la drogue». Selon lui, cinquante autres professionnels des Centres intermédiaires de soins en addictologie (CISA), des psychologues et des médecins, bénéficieront, à leur tour, d'une formation dans la psychothérapie de «l'entretien motivationnel». Evoquant les toxicomanes aux opioïdes, Sayhi fait savoir que l'utilisation de la méthadone, le traitement alternatif des opioïdes, lancé depuis le 5 janvier 2021, permettra de protéger progressivement ces patients. «Ce traitement alternatif est devenu nécessaire afin de réduire les effets destructeurs de la consommation de ce type de drogue, en particulier chez les jeunes. Il est également question d'éviter d'autres risques : sociaux et sanitaires, notamment la transmission de diverses infections associées à ce type de dépendance», explique-t-il. Un traitement qu'il préconise d'ailleurs d'introduire dans les priorités du programme d'expansion dès l'année prochaine. Il rappelle, en outre, qu'à travers la mise en place de l'Office national de la lutte contre la drogue et la toxicomanie, l'Algérie s'est dotée d'un cadre multisectoriel de lutte contre la drogue depuis 1997. De son côté, l'ambassadeur coordinateur résident du Système des Nations-Unies en Algérie, Eric Overvest, cite le tout récent rapport mondial sur les drogues 2021 de l'Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime, qui révèle que le nombre de morts imputables à des troubles liés à la consommation de drogues a presque doublé au cours de la décennie. «Ces dernières années, on a constaté une diminution du nombre de nouvelles infections au VIH chez les adultes du monde entier, mais pas chez les consommateurs de drogues injectables qui représentaient 10% des personnes nouvellement infectées en 2019», dit-il. Ce constat qu'il qualifie d'«alarmant» impose, selon lui, plus d'efforts. «La lutte contre les drogues n'est pas qu'une affaire de lutte contre les trafiquants. Il s'agit en effet et aussi de traitement, de services de santé, de compassion, d'aide, d'appui et de réinsertion», estime-t-il. Saluant la volonté de renforcement de mesures préventives et de santé pour lutter contre la toxicomanie en Algérie, Eric Overvest assure que l'abus des drogues est une question de santé. «Les problèmes qu'elles entraînent retentissent sur la santé publique dans son ensemble, avec des risques accrus en lien avec des maladies transmissibles, comme l'infection au VIH et les hépatites», précise-t-il. Il insiste ainsi sur le traitement de substitution et la coordination et la continuité des services de santé à l'intention des usagers de drogues injectables, mais aussi sur la prévention de l'usage de la drogue chez les jeunes notamment en milieu scolaire. Pour lui, l'intensification des programmes de prévention et l'amélioration de la mise à disposition des produits de prévention, y compris le traitement de substitution aux opiacés, lancé pour la première fois en Algérie au début de l'année 2021, s'imposent. «Par la prise en compte de ces deux volets, l'Algérie s'engage ainsi clairement vers une approche tournée vers les besoins des personnes, et affirme la priorité donnée à l'humain, à la protection de sa jeunesse contre la drogue», affirme-t-il. Ry. N.