Après avoir assidûment défendu sa stratégie de développement d'une mobilité propre et réussi surtout à imposer un quota de véhicules électriques lors des prochaines opérations d'importation, le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables propose maintenant des mesures incitatives pour encourager une telle alternative en Algérie. Dans sa plaidoirie pour l'émergence d'un parc automobile national roulant à l'énergie renouvelable, le Pr Chems Eddine Chitour appelle d'abord à «un assouplissement des taxes qui seront imposées aux véhicules électriques afin d'augmenter leur attractivité». Dans un entretien accordé à l'agence APS, il précise encore davantage sa vision en proposant «l'exonération de ces voitures de la vignette et même un accès gratuit à l'autoroute une fois le péage instauré ainsi que la mise en place d'une sorte de bonus vert pour ce type de véhicules». Justifiant son action soutenue en faveur de cette alternative, le ministre souligne que son département met en avant surtout «la dimension de consommation d'énergie» et ce, dans le but de réduire la consommation de carburant traditionnel dont la facture annuelle avoisine les 1,7 milliard de dollars.
«65% des Algériens favorables à l'électrique» Le Pr Chitour rappelle, par ailleurs, que la société algérienne aurait déjà manifesté son adhésion à cette révolution en marche. Pour lui, «l'acceptation sociale» de ce type de véhicules est acquise en se basant notamment sur un sondage réalisé par Naftal et qui fait ressortir que «65% des citoyens algériens sont favorables à l'introduction des véhicules électriques». Aussi et vu le niveau élevé des prix de vente à l'international, le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables insiste pour que ces derniers «ne soient pas dissuasifs, mais plutôt proches de ceux des véhicules thermiques». Développant encore plus sa vision, il souhaite que les véhicules électriques qui seront proposés aux Algériens soient conformes aux normes de sécurité sans pour autant faire dans «l'excès de gadgets», et dont le prix serait autour de 10 000 euros. Certes, le principal handicap à une large généralisation de cette catégorie de voitures dans le monde reste précisément sa tarification dépassant actuellement les 16 000 euros pour une petite citadine, l'espoir est toutefois permis grâce à une amélioration accélérée dans le processus de fabrication des batteries, éléments essentiels dans cette industrie du futur, et des offres de moins en moins coûteuses qui nous viennent notamment de Chine et tout récemment encore d'Allemagne avec la nouvelle marque Sono Motors et son modèle innovant, Sion. Le Pr Chitour revient, par ailleurs, sur les principaux avantages de la voiture électrique : «Elle ne pollue pas, elle est silencieuse et bénéficie d'un moteur plus simple comparé à celui d'une voiture à moteur thermique roulant aux carburants classiques.»
Une rentabilité compétitive Au-delà de son caractère propre, le véhicule électrique se distingue surtout par une rentabilité largement compétitive. Le ministre évoque «une consommation équivalente à 70 DA l'électricité pour 100 km parcourus, contre 300 DA de carburant pour la même distance couverte par un véhicule thermique». Et dans une perspective de 3 années, la mise en circulation en Algérie de quelque 100 000 voitures électriques permettrait ainsi «une économie de 100 000 tonnes de carburants, soit 100 millions de dollars chaque année», souligne encore M. Chitour. Abordant le volet tout aussi important des bornes de rechargement, indispensable pour l'application de cette stratégie, le responsable du département de la Transition énergétique et des Energies renouvelables rappelle l'existence d'une «première approche prévoyant de doter toutes les stations de Naftal, publiques et privées, d'au moins une borne» et que la première de ces bornes est déjà installée au niveau de la station de Cheraga, à Alger. Il fera part aussi d'un projet à l'étude avec le ministère de l'Habitat pour «aménager dans toutes les nouvelles cités des espaces équipés en bornes de rechargement, avec la possibilité d'étendre ce concept aux parkings et aux administrations centrales». En attendant, le marché de l'automobile en Algérie reste suspendu aux déclarations des uns et aux contre-déclarations des autres. B. Bellil