�Le patrimoine culturel immat�riel : approches et techniques d�inventaires� a �t� le th�me d�une journ�e d��tude nationale. Les travaux ont regroup�, le 21 septembre, au niveau du Centre national de recherches pr�historiques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) � Alger, des universitaires, intellectuels, chercheurs et autres sp�cialistes. Organis�e par le minist�re de la Culture, cette rencontre a permis de d�battre des techniques d'archivage dans les diff�rents domaines qui rel�vent du patrimoine culturel immat�riel, tout en favorisant une meilleure connaissance de ce patrimoine vivant par les chercheurs et acad�miciens. Slimane Hachi, directeur du CNRPAH, nous a confi� � ce titre : �Le CNRPAH est charg� par le minist�re de la Culture de r�unir r�guli�rement les chercheurs et les sp�cialistes pour la mise en �uvre d�une politique de pr�servation et de promotion du patrimoine culturel immat�riel alg�rien. La pr�sente journ�e est, par exemple, consacr�e principalement au montage de la fiche d�inventaire. Cela fait partie des actions d�j� men�es ou � entreprendre pour la sauvegarde de ce patrimoine vivant, mais si fragile. Cela est devenu une priorit�.� Les intervenants � cette journ�e ont donc, � cette occasion, fait part de leurs travaux qui ont suscit� des d�bats parmi les participants. Des sujets aussi vari�s que le conte, le mythe, les bouqalate, le cha�bi, les exp�riences d'archivage priv�, etc., ont suscit� l�int�r�t des participants. C�est ainsi que Abdelhamid Bourayou a fait part de son exp�rience personnelle, lui qui a enregistr� les contes des m�dahine de la r�gion de Biskra. Et de souligner la n�cessit� de cr�er un �tablissement sp�cialis� dans la collecte, la conservation et la pr�servation du patrimoine culturel immat�riel. Un organisme qui aura � charge �galement de r�unir des sp�cialistes et de former des �tudiants. De son c�t�, Ouiza Galleze s�est int�ress� aux mythes et l�gendes. La question est de savoir comment, aujourd�hui, inventorier un r�cit. �Nous aussi, nous avons notre mythologie. Elle se trouve chez nos vieilles, nos ai eux et m�me nos jeunes. Les mythes sont port�s � l�origine par une langue, ils d�finissent les relations en soci�t�. La difficult� est donc de r�pertorier un mythe, car chacun veut se l�approprier �, fait-elle remarquer. A cet effet, elle propose une fiche d�inventaire �labor�e selon des normes internationales. Toute la question est de savoir comment faire entrer le mythe dans la fiche, quelle langue utiliser, comment le transcrire, etc. Pour cela, il existe diff�rents mod�les de fiches d�inventaire, ce ne sont pas des mod�les fig�s. Ayant intervenu pour �voquer son exp�rience de terrain autour des proverbes et dictons dans le Chenoua, Abdennacer Bourdouz a soulign� toute la difficult� de transcription (quelle langue utiliser) et de classification par th�me. Fort int�ressante a �t� �galement l�intervention de Abdelmadjid Merdaci au sujet des exp�riences d'archivage priv� � Constantine, plus pr�cis�ment de l�enregistrement du patrimoine musical de la ville. Et de relever que �ce sont des jeunes m�lomanes accros aux musiques citadines de Constantine qui ont effectu� ce travail de collecte�. Abdelmadjid Merdaci cite l�exemple de Habib Ben Badis, le petit neveu de Abdelhamid Ben Badis, qui, � lui tout seul, a recueilli et num�ris� tous les enregistrements de Hadj Mohamed Tahar Fergani, le ma�tre du malouf. Ce jeune collectionneur priv� a m�me am�nag� en studio d�enregistrement une pi�ce de son domicile pour conserver et archiver sa passion du malouf. Aujourd'hui, ils sont trois jeunes Constantinois, �g�s de 30 � 35 ans, qui sont d�tenteurs de segments de m�moire gr�ce � ce travail d�archivage et de num�risation des artistes de la ville des Ponts. Ce travail, qui date depuis des ann�es, a m�me permis de num�riser des enregistrements qui remontent aux ann�es 1920, voire ceux de Hamou Fergani. Fatiha Kara, dans sa communication sur le cha�bi, a cit� � ce propos un texte chant� un jour par El- Anka lors d�une f�te. Il se trouve que l�enregistrement n�existe nulle part, sauf chez une famille qui le conserve d�ailleurs jalousement. �D�o� la n�cessit�, voire l�urgence, d�effectuer un travail de collecte et de conservation des textes chant�s, les classer, faire un listing, inventorier les po�tes anciens et actuels, les interpr�tes, les instruments� Le cha�bi �tant � �couter et � voir, � la diff�rence de l�andalou, car il y a parfois introduction de la danse heddi, cela n�cessite �galement un relev� photographique�, rappelle Fatiha Kara. Au cours des d�bats, les participants ont relev� l�absence de r�action des pouvoirs publics en ce qui concerne les fonds et les biens immat�riels d�tenus par des personnes physiques (priv�es). D�autre part, il a �t� d�plor� le retard accus� par l�Alg�rie dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine culturel immat�riel. A ce jour, il n�a pas �t� �labor� et mis en �uvre une r�elle strat�gie en la mati�re, d�autant que les moyens (humains, mat�riels et financiers) manquent et que la bureaucratie, comme toujours, a mis son grain de sel (ce sont les directions de la culture, au niveau des wilayas, qui sont surtout charg�es du travail de collecte). Un constat et des critiques qui ont fait r�agir la repr�sentante du minist�re de la Culture, qui a rappel� � l�assistance que la sauvegarde du patrimoine culturel immat�riel de l�Alg�rie est un processus qui en est � ses premiers pas. La pr�sente journ�e d��tude est d�ailleurs organis�e pour d�battre de ce domaine et l�organiser. Le CNRPAH est, � cet effet, charg� d��laborer la banque de donn�es dite de biens immat�riels, avec la collecte et la constitution de fonds documentaires notamment. Quoi qu�il en soit, cette journ�e d��tude a permis de souligner toute l��tendue, la richesse et la diversit� du patrimoine culturel immat�riel en Alg�rie. Il reste maintenant � mettre en �uvre des programmes de pr�servation et de promotion avec, en parall�le, l��ducation et la sensibilisation du public. L�objectif principal �tant d�assurer la reconnaissance, le respect et la mise en valeur de ce patrimoine vivant dans la soci�t�, cela contribuera � donner � chacun de ceux qui en sont les d�positaires un sentiment d�identit� et de continuit�. Hocine T. Rep�res � Le patrimoine culturel immat�riel est une notion relativement r�cente, apparue au d�but des ann�es 1990. C�est en 1997, � Marrakech, que s�est tenue une r�union au cours de laquelle a �t� d�fini le concept de �patrimoine oral de l�humanit�. Cette r�union, � l�initiative de l�Unesco, a d�cid�, � la fin de ses travaux, d��tablir une distinction pour la pr�servation et la mise en valeur des chefs-d��uvre de ce patrimoine. Cette distinction appel�e �proclamation des chefs-d��uvre du patrimoine oral et immat�riel de l�humanit� � a �t� octroy�e pour la premi�re fois en 2001 � une premi�re liste de patrimoines sur candidatures propos�es par les Etats. Une nouvelle liste est �tablie tous les deux ans. � En 2003, les Etats membres de l�Unesco ont adopt� la convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immat�riel, entr�e en vigueur en avril 2006. Selon cette convention, ratifi�e au 20 juin 2007 par plus de 78 Etats, le patrimoine culturel immat�riel (ou patrimoine vivant) est la source principale de notre diversit� culturelle et sa continuation une garantie pour une cr�ativit� continue. Ce patrimoine �tant la culture h�rit�e du pass�, sa transmission assure � un groupe social la perp�tuit� de son identit�. � Les domaines couverts par la convention incluent les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, les �v�nements et rituels festifs, les savoirs et les pratiques ainsi que les techniques artisanales traditionnelles. A la diff�rence du patrimoine culturel mat�riel (qui englobe notamment les monuments et les objets pr�serv�s � travers le temps), le patrimoine vivant embrasse les traditions re�ues des anc�tres et transmises aux descendants, souvent oralement. � Pour rappel, l�Alg�rie a adopt� la convention de l�Unesco en 2003 (la France, elle, l�a ratifi�e en 2006). En 2005, l�Ahellil de Gourara a �t� proclam� parmi 43 autres chefs-d��uvre.