La hausse de la demande en gaz naturel en 2021 devrait compenser le déclin de 2020. La hausse en question devrait atteindre 3,6%. Toutefois, la croissance de la demande ne devrait pas maintenir ce rythme à moyen terme, mais plutôt ralentir à un taux annuel moyen de 1,7% pour la période 2022-2024. Ce sont là les prévisions à moyen terme des marchés du gaz émises par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Des prévisions qui ont de quoi ouvrir des perspectives, permettre au moins à des pays exportateurs de garder leurs parts de marché à court et moyen terme, comme c'est le cas de l'Algérie qui se doit, en tout premier lieu, de mettre en pratique les solutions proposées déjà pour réguler sa consommation domestique. Un impératif absolu auquel il faudra s'y atteler quasiment dans l'immédiat eu égard aux développements que connaît le «monde du gaz» tels que l'entrée en exploitation, toute prochaine, du gazoduc russe Nord Stream 2 et le nouveau coup de boost annoncé dans l'exportation du gaz américain. Déjà, il s'agira pour l'Algérie de se maintenir en tant que deuxième fournisseur de gaz de l'Italie, avec des parts de marché atteignant 35% durant le premier trimestre de cette année, contre 16% durant la même période de 2020. Une prouesse de la part de Sonatrach qui a vu ses exportations s'envoler entre janvier et mars dernier pour ensuite confirmer ses belles performances à la fin du mois de mai dernier réalisées grâce à une production globale des hydrocarbures ayant atteint 78 millions de tonnes équivalent pétrole (MTEP), contre 75 MTEP durant la même période en 2020 (+4%), avec 22% de pétrole brut, 68% de gaz naturel, 5% de GPL et 5% de condensat. À fin mai, Sonatrach a commercialisé 17% de plus par rapport aux cinq premiers mois de l'année passée, 67 MTEP contre 58 MTEP. Dans le même temps, les exportations ont augmenté de 24%, passant de 33 MTEP à fin mai 2020 à 40 MTEP à fin mai 2021 pour engranger 12,6 milliards de dollars, contre 8,7 milliards de dollars à la même période en 2020, et ce, grâce à la reprise du marché gazier. La clé des performances réalisées par la compagnie nationale réside donc dans la production, en attendant la maîtrise de la consommation domestique. Dans ses prévisions, l'AIE prévoit un rebond de la demande mondiale de 3,6% en 2021. Et à moins que des changements politiques majeurs pour freiner la consommation mondiale de gaz ne soient introduits, la demande devrait continuer à croître dans les années à venir, bien qu'à un rythme plus lent, pour atteindre près de 4 300 milliards de m3 d'ici 2024, une augmentation de 7% par rapport aux niveaux d'avant-Covid. La demande de gaz jusqu'en 2024 devrait provenir de la région Asie-Pacifique, tirée par la Chine et l'Inde ainsi que par les marchés émergents d'Asie du Sud et du Sud-Est. Un marché énergivore dans lequel s'est introduite l'Algérie avec son gaz l'hiver dernier, créant même quelques grincements de dents chez les clients espagnols dont les quantités de gaz algérien reçues étaient en deçà de ce qui était convenu, Sonatrach ayant été dans l'obligation de répondre à la pressante demande chinoise, lors du très rugueux hiver dernier. La demande de gaz naturel devrait augmenter de 350 milliards de mètres cubes entre 2020 et 2024, selon les prévisions de l'AIE qui explique que la forte croissance de la demande de gaz naturel en 2021 est principalement le résultat de la reprise économique mondiale après la crise de Covid-19. La croissance en 2022-2024 est tirée à parts égales par l'activité économique et la substitution des carburants. Selon les prévisions de l'Agence, la production mondiale de gaz en 2024 devrait être supérieure de 6% aux niveaux d'avant-Covid en 2019. Et si cette offre supplémentaire provient presque exclusivement de grands actifs conventionnels déjà en développement, principalement en Russie et au Moyen-Orient, il y a de la place à prendre notamment par l'Algérie qui, par le truchement de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, a des atouts à faire valoir et ainsi espérer que des investisseurs viennent soulager Sonatrach dans l'exploration et la production, moyennant des avantages fiscaux et financiers très attrayants. Azedine Maktour