Tirant profit du laxisme de certains services de l'état, notamment les services communaux, de nombreux citoyens continuent d'ériger des constructions illicites sur des terrains agricoles et dans des zones d'expansion touristiques. Ce qui constitue une sérieuse menace pour le foncier agricole et touristique dans une wilaya souffrant d'un énorme déficit en infrastructures d'accueil. Une simple virée aux localités de Bazol, Djimar, l'ex-village socialiste de Beni-Ahmed, Sidi Abdelaziz El Mezair et El Kennar suffit pour avoir une idée sur l'ampleur du pillage à grande échelle du foncier relevant des biens de l'état sous le regard passif parfois complice de certains services de l'état qui ne bougent pas le petit doigt face à cette hémorragie. Lors de notre passage dans la localité côtière de Bazol, relevant de la commune de Taher, nous avons été désagréablement surpris par le nombre impressionnant de constructions illicites qui poussent comme des champignons de jour comme de nuit. Bazol qui était à une date récente réputée pour ses champs de vigne, s'étendant sur des grandes superficies, est envahie par le béton qui a englouti une bonne partie de cette ancienne ferme coloniale dont la production de ses vignoble était destinée à l'exportation. «La ferme est un souvenir lointain», nous a confié Mohamed sur un ton amer, septuagénaire, ancien vendeur dans une officine de pharmacie à Taher, en train de siroter son café matinal au café situé au rond-point de ladite localité. Ils ont vendu même les terrains qui sont biens de l'état. Regardez, il n'y a plus d'exploitations agricoles qui furent jadis le poumon économique de notre région. Tout a changé ici avec la passivité de certains services qui ne bougent pas le petit doigt face à des dépassements dont les auteurs agissent comme des seigneurs et des pachas». Et d'enchaîner «chaque jour que Dieu fait, on a un nouvelle bâtisse de plusieurs niveaux qui voit le jour sur un terrain appartenant à une exploitation agricole collective ou individuelle, sachant que le propriétaire dans la plupart des cas, habite hors wilaya sous le regard des services censés protéger le bien public», a ajouté notre interlocuteur qui a du mal à cacher son ras-le-bol face à cette mascarade. Il lance un appel aux services de l'agriculture pour faire la lumière sur le dossier des EAC et des EAI et leurs bénéficiaires dans cette région. À l'ex-village socialiste de Beni-Ahmed et sa vocation agricole, on chuchote le nom d'un grand baron du foncier, connu sur la place locale, qui aurait acheté des dizaines d'hectares de terres agricoles relevant dudit village socialiste à un prix symbolique pour ensuite les revendre au prix fort après les avoir intégrés dans le périmètre urbain par le PDEAU. Il y a lieu de souligner que les constructions illicites dans les zones d'expansion touristiques s'étendant de Bazol, El-Kennar, Sidi-Abdelaziz sur une côte de plus d'une vingtaine de kilomètres risquent d'hypothéquer l'investissement dans ce domaine, faute de terrain. Le visiteur de ces zones sera frappé par l'ampleur du pillage du foncier par des citoyens influents qui tirent profit de la complicité des présidents des APC pour squatter des terrains, biens de l'Etat, pour construire des maisons de plusieurs niveaux, généralement inachevées pour s'adonner au commerce juteux de la location durant la saison estivale. Pour l'histoire, l'ancien wali Larbi Merzoug a mené une guerre contre les barons des constructions illicites qui tirent profit de la complicité de certains élus locaux. Vainement. Par ailleurs, l'ex-wali Far Bachir a affirmé lors de l'inauguration du complexe hôtelier «le Carré Blue» dans la commune d'El-Milia en juin 2019 que les 19 zones d'expansion touristiques que compte la wilaya n'existent que sur le papier «si on fait un calcul du nombre des zones d'expansion touristiques (ZET) qu'on doit supprimer, il ne nous reste que 11 zones d'expansion touristiques sur les 19 qui n'existent que sur le papier. 1 253 hectares qui ont été amputés du foncier destiné à l'investissement touristique dont une bonne partie est occupée par des constructions illicites qui poussent toujours». D'autre part, et selon les services de la wilaya, sur 9 878 demandes déposées au niveau des commissions de daïra dans le cadre de la mise en conformité des constructions en vertu de la loi n°08-15 du 20 juillet 2008, fixant les règles de mise en conformité des constructions, et leur achèvement, 3 587 demandes ont été validées alors que 3 488 dossiers ont été rejetés par les commissions de daïras, soit un taux de rejet plus de 76% des dossiers déposés ne répondant pas aux exigences de la loi 08/15 fixant la mise en conformité des constructions. Un signe révélateur de l'ampleur de cette mascarade. Bouhali Mohammed Cherif