La tension est très vive entre Alger et Rabat. Dans le pays, les officiels font état d'une nouvelle implication du Makhzen dans un jeu dangereux qui se mène contre l'Algérie, ce qui a d'ailleurs fait l'objet d'un texte sévère publié hier par le ministère des Affaires étrangères qui met en garde le Maroc contre « cette nouvelle dérive ». Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Rabat est officiellement accusé de mener une action «dangereuse», visant à « soutenir un prétendu droit à l'autodétermination du peuple kabyle», peut-on ainsi lire dans un communiqué publié hier en fin de journée par le département de Ramtane Lamamra. La même source fait savoir que «la représentation diplomatique marocaine à New York a fait distribuer à tous les pays membres du mouvement des Non-Alignés une note officielle, dont le contenu consacre formellement l'engagement du royaume du Maroc dans une campagne hostile à l'Algérie, à travers un soutien public et explicite à un prétendu droit à l'autodétermination du peuple kabyle qui, selon ladite note, subirait «la plus longue occupation étrangère». Le ministère algérien des Affaires étrangères y voit un soutien direct au MAK ( Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie), récemment classé organisation terroriste par l'Algérie. «Cette double assertion, poursuit le communiqué, vaut reconnaissance de culpabilité en ce qui concerne le soutien marocain multiforme, actuellement accordé à un groupe terroriste connu, comme cela a été le cas du soutien aux groupes terroristes qui ont ensanglanté l'Algérie durant la décennie noire.» Il qualifie la communication diplomatique marocaine «d'aventuriste, irresponsable et manipulatrice. Elle relève d'une tentative à courte vue, simpliste et vaine, destinée à cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisation dûment reconnue comme telle par la communauté internationale et ce qui n'est qu'un complot dirigé contre l'unité de la Nation algérienne». En termes diplomatiques, Alger signifie à Rabat qu'il entretient sciemment une confusion entre le dossier du Sahara Occidental et une prétendue affaire liée à la Kabylie. La provocation marocaine s'est déroulée les 13 et 14 juillet derniers. Selon les informations en cours, Omar Hilal, représentant permanent du Maroc aux Nations-Unies, a réagi aux propos de Ramtane Lamamra en faveur de l'indépendance du Sahara Occidental, en exhibant une carte de la Kabylie et en faisant état de la «volonté de sa population d'acquérir son indépendance». Le ministère algérien des Affaires étrangères va très loin dans son communiqué. Alger considère, en effet, que la provocation marocaine «heurte frontalement les principes et les accords qui structurent et inspirent les relations algéro-marocaines et constitue une violation flagrante du droit international et de l'acte constitutif de l'Union africaine. L'Algérie condamne énergiquement cette dérive particulièrement dangereuse, y compris pour le royaume du Maroc lui-même dans ses frontières internationalement reconnues». «Dans la situation ainsi créée par un acte diplomatique douteux commis par un ambassadeur, l'Algérie, République souveraine et indivisible, est en droit d'attendre une clarification de la position définitive du royaume du Maroc sur cet incident d'une gravité extrême.» A. C.