Alger a dénoncé hier un jeu malsain, grave, mené par Reporters sans frontières (RSF) qui prétend que l'Algérie serait en possession du logiciel d'espionnage Pegasus. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L'ambassadeur d'Algérie en France s'est chargé de déposer plainte pour diffamation « auprès des autorités judiciaires françaises » peut-on lire dans un communiqué publié hier par la chancellerie qui précise en outre que l'action a été entreprise au nom du gouvernement algérien. Sur son site web officiel, RSF publiait le 19 juillet dernier un communiqué dans lequel l'Algérie est citée comme étant l'un des pays en possession du logiciel Pegasus et qu'elle l'utiliserait pour espionner d'autres pays. Ces « informations » ont été naturellement démenties par les autorités qui considèrent qu'outre « leur caractère diffamatoire et mensonger, ces allégations inadmissibles relèvent de la manipulation de RSF connue pour son acharnement contre l'Algérie». L'Algérie affirme également «qu'elle ne dispose nullement de ce logiciel et n'a jamais eu à l'utiliser, ni à traiter ou collaborer d'une quelconque manière que ce soit avec les parties détenant cette technologie à des fins d'espionnage visant à porter atteinte à l'honneur et à la réputation de pays respectueux de la légalité internationale». Cette affaire intervient au moment où l'Algérie apprend, à l'instar d'autres pays du monde, que de hauts responsables étaient espionnés par le Maroc à travers le fameux logiciel Pegasus. L'attitude de Reporters sans frontières semble considérée comme étant un élément supplémentaire dans l'écheveau. Le pourquoi des allégations de RSF ne se pose pas pour autant aujourd'hui car l'organisation est précédée par une réputation qui n'est plus à démontrer. Son hostilité envers l'Algérien et son triste rôle durant la décennie noire sont présents dans les esprits. Davantage assimilée à une officine, elle est également connue pour sa partialité et sa proportion à inverser les situations là où priment ses intérêts. La nouveauté vient par contre de l'Algérie qui a réagi à vif à ces graves «informations», une attitude qui tranche avec celles observées autrefois, dans ces longues périodes où le pays affirmait privilégier la politique du mépris et de l'indifférence. L'affaire Pegasus n'est pas simple. Déstabilisé par une situation à laquelle il ne semblait pas s'attendre, Rabat a tenté de démentir autant qu'il le pouvait les informations qui ont éclaté au grand jour. Avec un aplomb rare, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, est intervenu dans une interview sur Jeune Afrique pour affirmer que son pays était victime d'une large campagne de dénigrement et cible d'organisations qui font dans la manipulation. Pris au piège, le Maroc n'hésitera pas à tout tenter et emmêler les ficelles pour s'en sortir. A. C.