Il y a de fortes incertitudes sur la qualit�, voire la s�curit� des logements (93 unit�s) que construit une soci�t� libanaise Kherrat General Entreprise, � Boumerd�s, pour le compte de l�Agence pour l�am�lioration et le d�veloppement du logement (AADL). Effectivement, le probl�me pour plusieurs b�timents est aussi grave. Et pour cause, le dosage du b�ton des superstructures n�est, selon nos sources, pas conforme aux normes de s�curit� alg�riennes. Pour l��crasement du b�ton, la r�sistance minimale exig�e par la r�glementation alg�rienne est de 230 bars. �Pour ceux dont vous parlez (les 77 de Boumerd�s, ndlr), dans certains blocs, les tests n�atteignent m�me pas les 170 bars. C�est grave Pour moi, ces logements sont � d�molir�, ass�ne, sous le sceau de l�anonymat, un technicien du CTC d�Alger en charge du suivi technique de ce projet. Une autre autorit� qualifi�e dans le domaine de la construction et de l�urbanisme, et qui conna�t parfaitement ce dossier, estime, pour sa part, que les logements en cause devront n�cessairement �tre confort�s sinon ils ne seront pas conformes aux obligations en mati�re de s�curit�. De passage sur le chantier, nous avons remarqu�, en nombre anormal, des trous dans les voiles de b�ton. Ce qui signifie que des pr�l�vements suppl�mentaires ont �t� effectu�s pour s�assurer de la v�racit� des r�sultats des premiers tests. �Les travaux, notamment le coulage du b�ton, r�pondent- ils aux normes de s�curit� et de conformit� en vigueur en Alg�rie ?� C��tait l�une des questions adress�es par fax au directeur de l�AADL de Boumerd�s au sujet de ce dossier. Pas de r�ponse. La m�me question a �t� pos�e � l�entreprise libanaise. Le g�rant de Kherrat General Entreprise n�a pas daign� d�mentir le doute sur la qualit� et la conformit� du travail de son entreprise. Pourtant, le march� pass� entre l�ADDL et cette soci�t� libanaise pour �l�adaptation d��tude, la r�alisation et le parach�vement du reste � r�aliser� de ce projet qui sera port�, en 2009, � 93 logements au lieu des 77 pr�vus initialement, va co�ter � l�agence alg�rienne 235 961 351 DA. Il y a lieu de rappeler que l�entrepreneur libanais peut transf�rer en devise 28 % de son b�n�fice. Un petit calcul nous indique que le co�t de r�alisation du m�tre carr�, sans compter d��ventuelles r�visions des prix, avoisinera les 40 000 DA. A ce co�t, il y a lieu d�inclure les travaux d�j� ex�cut�s par les soci�t�s alg�riennes. Il est question de 35 logements quasiment achev�s avant la venue de l�entreprise libanaise. Ce qui ne manquera pas de gonfler substantiellement le co�t du m�tre carr� des logements. C�est pratiquement le double, pour ne pas dire plus, de ce que facturaient, pour le m�me projet, des entreprises locales avant qu�elles soient �d�barqu�es � et assign�es en justice pour des raisons obscures. �Le changement de l�intitul� du projet est-il l�gal et cette modification du nombre de logements ne visait-elle pas simplement � manipuler et gonfler les co�ts de r�alisation ? Est-il tenu compte, dans le march� pass� avec l�entreprise libanaise, des logements que nous avons r�alis�s ou seront-ils factur�s par le nouveau entrepreneur ?� Ce sont des questions que se pose l�un des entrepreneurs avec qui l�AADL a r�sili� le contrat. Les entreprises alg�riennes arnaqu�es ? Les chefs des trois entreprises alg�riennes s�lectionn�es en 2006 par un appel d�offres restreint pour r�aliser les travaux de parach�vement de 77 logements d�noncent l�arnaque. �Avons nous �t� les dindons de la farce et victimes d�un plan qui avait pour finalit� de confier ce projet � une entreprise �trang�re avec des co�ts de r�alisation exorbitants ?� s�interroge l�un d�eux. Pour rappel, les trois patrons ont vu leurs march�s r�sili�s � leur tort et ont �t� assign�s en justice. Le ministre de l�Habitat et de l�Urbanisme a �t� saisi. Au ministre, les trois entrepreneurs affirment qu�ils sont victimes d�un dol (tromperie) et montrent, par ailleurs, du doigt l�AADL, accus�e de les avoir arnaqu�s. La col�re et les doutes de ces entrepreneurs sont appuy�s par des documents dont des copies sont en notre possession. Comment peut-on en effet imaginer qu�une institution comme l�AADL puisse faire une telle erreur et d�une telle ampleur ? Elle a, en effet, remis un dossier technique avec des quantitatifs faux, c'est-�-dire que les quantit�s et les m�trages ne sont pas conformes � la r�alit�. Calcul�s sommairement, ces �carts d�passeraient les 20 %. En clair, l�entrepreneur est pay� par exemple sur la base 100 pour une quantit� donn�e qui correspond r�ellement � une quantit� �gale � 120. Dans ce projet, chaque soumissionnaire sera donc oblig� de verser de sa poche pour livrer les logements dont il a la charge. Comble de l�ironie : l�AADL reconna�t l�erreur. Ce faisant, les victimes ont demand� la signature des avenants pour r�gulariser la situation et �liminer les �carts. Ne voyant rien venir, ils ont demand�, par la suite, la r�siliation � l�amiable des march�s. R�ponse de l�AADL : elle les a assign�s en justice. Pour rappel, nous avons transmis, par fax, sept questions au directeur de l�AADL de Boumerd�s, donnant la possibilit� au responsable en question d�apporter des pr�cisions ou de d�mentir ces graves all�gations. Quatre autres questions ont �t� adress�es �galement � l�entrepreneur libanais. Aucune r�ponse ne nous est parvenue des deux parties. Ce silence laisse la porte ouverte � toutes les hypoth�ses.