Réaliser 1,2 million de logements en seulement deux ans ! Le pari paraît assez fou pour le commun des Algériens qui doutent déjà fort de la réalisation du programme étatique d'un million de logements, prévue à l'horizon 2009. Pourtant, « il n'y a rien ici qui puisse relever du domaine de l'impossible », selon le président directeur général de Cevital, Issaâd Rebrab, qui vient d'annoncer le démarrage, en mars prochain, de sa première usine de construction de bâtiments préfabriqués, sise à Alger. L'opérateur économique, qui prévoit également l'ouverture de deux autres usines à Oran et à Sétif, lance un appel pour l'encouragement de ce type d'investissements à l'échelle nationale. Chaque usine de construction de bâtiments préfabriqués peut construire jusqu'à 20 logements, de 100 m2 chacun, par jour », affirme-t-il. L'ouverture d'une centaine d'usines de ce type, poursuit l'opérateur, va permettre « la construction de pas moins de 600 000 logements préfabriqués par an, soit 1,2 million en deux ans ». Contacté par téléphone pour en savoir plus sur la qualité et les caractéristiques techniques de ces logements préfabriqués, M. Rebrab s'est voulu formel : « L'industrialisation du bâtiment est un système dont l'avantage est justement d'offrir un logement de qualité en ce sens où tout est fait en béton précontraint et du béton armé dont la qualité est l'une des meilleures. C'est vraiment quelque chose de dur et cela n'a rien à voir avec les logements de l'ex-DNC. » Aussi, ajoute-t-il, « la finition est faite à l'usine pour tous les compartiments du logement, y compris le montage en bloc des salles de bains et des WC ». Outre la rapidité et la qualité, ce nouveau système de construction offre également, souligne le patron de Cevital, « des logements à moindre coût ». « Les logements préfabriqués seront non seulement moins chers que les logements traditionnels, mais surtout de bien meilleure qualité », note-t-il encore. Plusieurs projets de construction de logements sont actuellement à l'arrêt faute d'approvisionnement en ciment, en rond à béton, en sable, sans parler du problème épineux des assiettes foncières. Ces mêmes problèmes risquent-ils, ainsi, de se poser pour les logements préfabriqués ? Pour Rebrab, l'avantage du nouveau système de construction, c'est qu'il nous permet justement de faire de l'économie sur le béton dans la mesure où nous utilisons de nouveaux matériaux, à l'instar des câbles en acier très résistants. S'agissant du sable, l'opérateur propose de régler le problème par la technique du dragage, largement utilisée dans les pays développés. « Il suffit d'aller à 3 ou 5 km du rivage, draguer le sable dans les fonds marins, le laver et construire avec. Nous pourrons même reconstituer nos plages avec le même sable. » Pour ce qui est du foncier, il s'agit, d'après notre interlocuteur, « d'un problème politique ». Grand pays qu'elle est, l'Algérie, pour lui, « ne doit pas avoir un problème de foncier ». « Il faut axer sur l'aménagement du territoire et dégager des assiettes foncières en dehors des terrains agricoles et des failles sismiques pour la construction de logements », préconise-t-il.