C'est une nuit apocalyptique qu'ont vécue plusieurs régions du pays. Pas moins de quatorze wilayas ont enregistré des feux de forêt avec une trentaine pour la seule wilaya de Tizi Ouzou. Les impressionnants incendies ont causé la mort de 17 personnes. La proximité des feux a poussé les citoyens de plusieurs communes à fuir dans la précipitation. L'origine criminelle des départs de feux ne fait pas de doute, selon le ministre de l'Intérieur pour qui la simultanéité ne peut être le fait du hasard. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Des incendies simultanés ont fait vivre aux populations de plusieurs wilayas une nuit d'horreur. Des feux se sont déclarés dans la même nuit à travers 14 wilayas, à savoir Jijel, Bouira, Sétif, Khenchela, Guelma, Béjaïa mais également Tiaret, Médéa, Tébessa, Blida, Skikda. La Direction générale des forêts affirme que soixante-douze incendies avaient été enregistrés depuis lundi, dont 41 incendies n'avaient pas été circonscrits en fin d'après-midi d'hier. La wilaya de Tizi Ouzou a été la plus impactée avec pas moins de 30 incendies ayant touché 13 communes du sud, de l'est, de l'ouest et du nord de la wilaya, dont, entre autres, Aït-Toudert, Akbil, Abi-Youcef, Aït-Yahia, Draâ-el-Mizan, Idjeur, Ifigha et Iflissen, selon la Protection civile. Sur place, la population a vécu un véritable cauchemar lorsque les feux devenant de plus en plus menaçants se sont rapprochés des habitations. Le premier bilan est déjà lourd faisant état du décès de sept personnes : six dans la wilaya de Tizi Ouzou et une autre à Sétif. Toutefois, en fin de soirée, hier, le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane a annoncé, lui, un bilan, nettement revu à la hausse, de 17 décès. Les habitants des communes encerclées par le feu n'ont dû leur salut qu'en quittant précipitamment leurs domiciles pour se réfugier dans des écoles ou des maisons mises à leur disposition suite à un grand élan de solidarité. En déplacement hier au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, le ministre de l'Intérieur a clairement pointé du doigt « des mains criminelles » à l'origine de ces départs de feux affirmant que « seules des mains criminelles peuvent être à l'origine du déclenchement simultané d'une cinquantaine d'incendies à travers plusieurs localités de la wilaya». Pour Kamel Beldjoud, il existe des similitudes entre ces incendies «criminels» et d'autres déjà enregistrés dans d'autres régions du pays, dont ceux de Khenchela. Même lecture faite par le conservateur des forêts de la wilaya de Tizi Ouzou. Youcef Ould Mohamed se dit convaincu de l'origine criminelle des incendies, expliquant que « le déclenchement simultané d'une trentaine de feux, dont dix importants, dans différentes communes de la wilaya le jour même où un bulletin météorologique spécial lance une alerte canicule, ne peut avoir une origine naturelle. De par notre expérience, il est impossible que l'origine de ces départs de feux soit naturelle, il s'agit d'incendies criminels». Le ministre de l'Intérieur a fait savoir que des enquêtes seront ouvertes par les services de sécurité pour élucider les circonstances de ce sinistre et identifier et punir les coupables. À Médéa, où des feux de foret ont également été déclenchés, le wali a affirmé hier que trois suspects avaient déjà été arrêtés. Sur place, c'est la désolation dans plusieurs localités notamment à Ath-Yenni et Larbaâ-Nath-Irathen où des familles n'ont eu d'autres solutions que de fuir leurs maisons, dans une atmosphère de panique. Elles ont pu être installées dans différentes structures ouvertes pour les accueillir pour la nuit. Au niveau de Tizi Ouzou, une cellule de crise a été installée au niveau du secrétariat général de la Wilaya non seulement pour coordonner les opérations d'extinction des feux mais également pour organiser la solidarité. La wilaya a pu bénéficier du soutien logistique et humain des wilayas limitrophes avec pour priorité de sauver les vies humaines et éviter que le bilan des pertes humaines ne s'alourdisse. Le directeur général des forêts assurait, hier, que les moyens matériels pour éteindre les feux étaient disponibles avec 90 engins et 600 agents déployés en dépit des accès qui sont souvent difficiles. Pour ce qui est des dégâts matériels, ils seront évalués une fois que les incendies seront maîtrisés. Dès samedi, annonce le ministre de l'Intérieur, plus d'une centaine de techniciens feront le déplacement à Tizi Ouzou pour procéder à une évaluation des dégâts. Des cellules seront installées au niveau des communes touchées. Le ministre de l'Intérieur a rassuré quant aux indemnisations des personnes ayant perdu leurs biens qu'il s'agisse d'habitations ou de cheptel. La plus grande vigilance est demandée par les spécialistes en raison du bulletin météo spécial dont la validité est toujours en cours. N. I.