L'Union africaine (UA) a annoncé l'ouverture d'une enquête interne après la publication vendredi sur son compte Twitter d'un message attaquant la directrice de l'Agence américaine d'aide humanitaire (USAID) qui appelait au dialogue pour mettre fin au conflit dans la région éthiopienne du Tigré. «Un membre du personnel a partagé des opinions personnelles sur ce compte, contrairement aux règles du personnel de l'UA. Le tweet maintenant supprimé ne reflète pas la position de l'UA et est considéré comme un grave manquement (au code) de conduite. L'incident fait l'objet d'une enquête interne», a tweeté vendredi après-midi l'organisation panafricaine, dont le siège est basé dans la capitale éthiopienne Addis Abeba. Le tweet incriminé avait été publié quelques heures plus tôt sur le compte officiel de l'UA, avant d'être effacé.Il répondait à la directrice de l'USAID, Samantha Power, qui avait relayé un message du conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, annonçant la venue d'un émissaire américain en Ethiopie et appelant «toutes les parties (du conflit au Tigré) à venir d'urgence à la table des négociations». Retweetant ce message, Mme Powers affirmait : « Il n'y a pas de solution militaire à ce conflit. Les besoins humanitaires sont déjà urgents, mais ils empireront si les parties n'acceptent pas de dialoguer et de mettre fin aux hostilités ». «Mon Dieu, vous voulez dire comme quand vous avez discuté avec l'Etat islamique (Daech, groupe terroriste) et les talibans (rebelles) ?», rétorquait le message posté sur le compte de l'UA, avant d'utiliser un hashtag qualifiant les rebelles du Tigré de terroristes, selon la dénomination du gouvernement éthiopien. Un responsable de l'UA a indiqué que l'auteur du tweet était un Ethiopien. Le Nord de l'Ethiopie est en proie à un violent conflit depuis plus de neuf mois. Le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé en novembre des troupes dans la région septentrionale du Tigré pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Selon le prix Nobel de la paix 2019, cette opération répondait à des attaques contre des camps de l'armée fédérale ordonnées par le TPLF. Il a proclamé la victoire fin novembre après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais le 28 juin, les forces pro-TPLF ont repris Mekele, puis une grande partie du Tigré. Depuis, elles ont poussé vers l'est et le sud, dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara. La Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples, qui dépend de l'UA, a lancé une commission d'enquête sur le Tigré qui a commencé ses travaux en juin. APS