La guerre en Ethiopie alimente le climat d'instabilité dans la région, poussant les voisins d'Addis Abeba à mettre la pression sur le gouvernement d'Ahmed Abiy pour un cessez-le-feu permanent dans le Tigré. Les rebelles du Tigré ont conditionné le principe d'un cessez-le-feu par le retrait de l'armée éthiopienne de cette région et par la restauration des autorités tigréennes qui ont repris le contrôle de la capitale provinciale Mekele le 28 juin dernier, après huit mois de violences armées. Mais ces conditions rendent la mise en œuvre d'un cessez-le-feu avec l'armée éthiopienne et les milices amhara difficile. "Sous réserve que nous ayons une garantie à toute épreuve que la sécurité de notre peuple ne sera pas compromise par une deuxième vague d'invasions, nous acceptons un cessez-le-feu de principe", selon un communiqué diffusé hier par les rebelles, signé du "gouvernement du Tigré". "Néanmoins, avant qu'un accord de cessez-le-feu ne soit formalisé, les problèmes épineux suivants doivent être résolus", poursuit-il, avant d'énumérer des conditions. Certaines sont militaires et politiques, comme le retour des forces amhara et érythréennes "à leurs territoires d'avant-guerre" et la reprise des activités "du gouvernement démocratiquement élu du Tigré, avec tous ses pouvoirs et ses responsabilités constitutionnelles". Après huit mois d'affrontements meurtriers qui ont provoqué l'exode de dizaines de milliers de civils à l'intérieur du pays et vers les pays voisins, la guerre enclenchée par le Premier ministre éthiopien Ahmed Abiy a abouti à un cessez-le-feu unilatéral, décrété le 28 juin dernier par Addis Abeba, refusant toutefois toute possibilité de dialogue avec les dirigeants du TPLF (Front de libération du peuple du Tigré), classé "organisation terroriste" en mai par le Parlement éthiopien. Les autorités rebelles demandent aussi "des procédures pour qu'Abiy Ahmed et Issaias Aferworki (le président érythréen) rendent des comptes (sur) les dommages qu'ils ont causés", ainsi que la création par l'ONU d'un "organe d'enquête indépendant" sur les "crimes horribles" commis durant le conflit. Samedi, l'ONU a tiré la sonnette d'alarme en affirmant que plus de 400 000 civils sont menacés par une crise alimentaire et sont au bord de la famine, alors que l'accès de l'aide humanitaire est difficile, voire impossible dans certaines zones en raison des violents combats opposant les rebelles aux autorités. D'ailleurs, la "distribution sans entrave de l'aide humanitaire depuis toutes les directions et par tous les modes de transport", ainsi que "le retour de tous les Tigréens" déplacés figurent sur la liste des conditions posées par les rebelles du TPLF, selon le même communiqué transmis aux agences de presse. De nombreux pays et l'ONU ont appelé au cessez-le-feu, afin notamment de permettre d'acheminer l'aide humanitaire à la population.