Oui, plus jamais nous ne devrions avoir à vivre le drame qui se déroule sous nos yeux, celui que nous vivons dans notre chair comme si nous étions soudain frappés par la foudre. Trop tôt pour parler de bilan certes, mais déjà se dessine devant nous l'ampleur de la catastrophe qui s'est abattue sur tout le nord du pays, c'est-à-dire la mince bande verte qui concentre l'essentiel des populations algériennes. Des leçons à tirer, il y en a plusieurs. La réaction tardive des autorités ne peut s'expliquer par la rapidité de la propagation des feux de forêt en maints endroits. Un gestionnaire politique ne peut arguer du caractère inhabituel de ces incendies de forêt d'autant que la canicule exceptionnelle aurait dû inciter à une très grande vigilance et à un échange d'informations poussé entre les services des forêts et ceux du gouvernement. Car il y a eu mort d'homme ! Le peu de surface boisée, qu'on se le tienne pour dit, est un patrimoine qu'il aurait fallu protéger comme la prunelle de nos yeux. Or, l'on ferme les yeux sur la pollution à grande échelle de ce patrimoine : coupes sauvages, randonnées pédestres non contrôlées, pique-niques hors contrôle avec leurs lots d'insalubrité, quand ce n'est pas des cendres incandescentes d'un barbecue négligemment laissé se consumer. La couverture végétale ne doit pas être victime d'inconscients et d'irresponsables qui profitent du laxisme des autorités ou de leur incompétence. La politique qui consiste à réagir au coup par coup est franchement improductive. On le constate aujourd'hui, c'est flagrant. Même s'il faut applaudir l'achat d'une flotte de bombardiers d'eau, canadairs (des BerievBe-200, russes d'une capacité de 12 000 litres, à large rayon d'action, pour près de 70 millions de dollars l'exemplaire). Le drame est aussi éminemment écologique, sans commune mesure. C'est une vraie menace de désertification du peu des terres arables lesquelles se réduisent comme une peau de chagrin, sous le coup de l'urbanisation accélérée et anarchique. Pour autant, quand le feu est parti, il est déjà trop tard tant il est vrai qu'il faut plutôt prévenir. Ceci dit, on ne va pas acheter un canadair comme on irait faire ses courses dans une supérette. Nous l'apprenons à nos dépens chaque fois qu'une catastrophe naturelle survient. Gageons que la rentrée, que menace aussi d'hypothéquer la pandémie de Covid-19, toujours aussi virulent, portera le voile du deuil. Ceux qui ont mis le feu à nos forêts, les assassins du secouriste Djamel Bensmaïl, doivent payer et les citoyens meurtris par tant de désolations veulent être informés sur le moindre détail de l'enquête. On ne peut imaginer que ce meurtre soit classé sans suite sitôt l'émotion passée. Nous avons un aperçu des risques avec l'exemple des criminels pédophiles qui coulent des jours tranquilles dans les centres pénitentiaires. La transparence doit être de mise par respect à l'élan de solidarité nationale qui se poursuit, une véritable lame de fond d'où émergent, une fois de plus, nos valeurs intrinsèques d'unité et de solidarité. C'est la revanche du Hirak et une mise au net à tous nos détracteurs planqués derrière leur PC, anonymes navigant dans les eaux troubles des réseaux sociaux, dénaturés, pervertis. Brahim Taouchichet