Pour la Direction générale des forêts (DGF), les derniers incendies qui ont touché des forêts et des habitations dans plusieurs wilayas du pays, particulièrement la région de la Kabylie, sont «inédits». Selon son bilan, près de 62 000 hectares ont été ravagés par les feux dont 60% de ces superficies sont des forêts. Un couvert végétal dont la régénération nécessitera plus de deux décennies. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le bilan de la Direction générale des forêts (DGF) fait état de près de 62 000 hectares de superficie incendiés causés par plus de 2 000 foyers d'incendie enregistrés du 9 au 14 août dernier à travers 35 wilayas. A elle seule, la wilaya de Tizi-Ouzou a connu 66 incendies ayant touché 42 communes, qui ont engendré près de 30 000 hectares de pertes. Sur la totalité des superficies incendiées, presque 60% sont des forêts. C'est ce qu'a révélé la directrice de la protection de la faune et de la flore à la DGF, Ilhem Kabouya, jeudi dernier, sur les ondes de la radio Chaîne 3. «Ce qui s'est passé est inédit et j'espère qu'il n'y aura pas d'autres épisodes similaires», dit-elle. Malgré un bilan lourd et des pertes indéniables très difficiles à faire régénérer, elle estime qu'aujourd'hui, il faut aller de l'avant. «Nous devons tout mettre en œuvre pour permettre à ces forêts de se régénérer. Il va falloir organiser un plan d'action d'urgence et d'assainissement. Nous devons absolument essayer de programmer ces actions avant les premières pluies afin d'éviter tous les problèmes d'érosion et de lessivage de la matière organique pour stabiliser le sol. C'est urgent !», souligne-t-elle. Quant aux plantations et aux reboisements, elle précise que ces opérations seront programmées ultérieurement. «S'il y a plantations, nous devons peut-être les programmer pour 2022 et 2023 dans les sites où il n'y a pas eu de régénération», note-t-elle, avant de préciser que la régénération des superficies de forêts perdues par l'Algérie nécessite plus de 20 ans. L'invitée de la radio soulève, par ailleurs, le manque d'effectif pour les forêts. Selon elle, même si beaucoup d'efforts ont été consentis par les pouvoirs publics pour l'acquisition d'équipements en matière de lutte contre les incendies, il reste encore quelques déficiences. «Nous sommes en deçà des normes internationales en terme d'effectifs. Chaque année, des saisonniers sont recrutés, mais faute de postes budgétaires, nous n'avons pas assez d'effectifs pour couvrir tous les postes de vigiles et toutes les brigades mobiles. Si nous nous soumettons aux normes internationales, nous devrons recruter au moins 3 fois plus de saisonniers qu'il n'en est recruté chaque année», explique-t-elle. La directrice de la protection de la faune et de la flore à la DGF évoque également l'utilisation des drones pour la détection des feux naissants. Elle cite ainsi le projet d'élaboration d'un prototype de drone pour la direction générale des forêts, initié par le Centre de recherche en technologies industrielles (CRTI). «Les premiers essais se feront au premier trimestre 2022», dit-elle. Elle précise, d'ailleurs, que le décret exécutif portant l'acquisition de drones a été publié au Journal officiel en juillet dernier. «Une excellente avancée », conclut-elle Ry. N.