La Journée mondiale de la vie sauvage qui correspond au 3 mars de chaque année, célébrée cette année par la direction générale des forêts sous le thème «Forêts et moyens de substance: préserver les populations et la planète», a été l'occasion pour L'Expression d'aborder certaines questions d'actualité avec le premier responsable des forêts, en l'occurrence son directeur général, Ali Mahmoudi, qui a accepté de répondre à nos questions. À cet effet, tout en faisant état de la situation des forêts, il estime qu'il est temps de durcir les sanctions en la matière, mais aussi permettre d'ouvrir des espaces forestiers pour une exploitation durable afin de mieux les protéger. L‘Expression: On assiste ces dernières années à des faits inédits, des feux de forêt «hors saison», l'origine volontaire, autrement dit l'acte criminel n'est-il pas à écarter? Ali Mahmoudi: Les incendies de forêt d'origine criminelle existent bien sûr, mais demeurent minimes par rapport aux autres causes de départs de feu dus généralement à l'imprudence et la négligence. Il est vrai que l'impact et les conséquences des incendies volontaires sont plus dévastateurs car ils mettent en péril la vie des personnes comme ce fut le cas à Gouraya dans la wilaya de Tipasa au courant du mois de novembre dernier. Ils menacent aussi, les habitations, les vergers et les élevages. L'objectif direct recherché par les criminels est sans nul doute, le défrichement aux fins d'accaparer le domaine public forestier. Ce sont des dégâts importants que vous avez enregistrés ces deux dernières années, notamment. quelle est l'évaluation faite à cet effet et quel est le plan d'action arrêté pour la régénération de la faune et la flore dévastées? Durant ces deux dernières années, nous avons enregistré respectivement 21 048ha et 43 918ha pour les années 2019 et 2020. Ce ne sont pas des années aussi catastrophiques que cela puisse paraître comparativement aux années 1983, 1994 et 2012 avec respectivement 221 367ha, 271 598ha et 99 061ha parcourus par les feux. À la différence des précédentes campagnes et depuis 2017, l'Etat suit de près la gestion des incendies de forêts et évidemment la presse nationale qu'elle soit écrite ou audiovisuelle. Cela fait que les dégâts paraissent trop importants. Tout le monde aujourd'hui connaît les conséquences des incendies de forêt non seulement du point de vue socio-écologique, mais leurs impacts sur l'économie nationale d'une manière directe et indirecte. À ce titre, la DGF s'est vue renforcer son dispositif par les moyens de lutte, à savoir l'acquisition de 164 Ccffl (camions citernes feux de forêt légers) d'une capacité de 1000l chacun et très prochainement par 80 autres Ccffl ainsi que 15 camions citernes ravitailleurs d'une capacité de 3000 litres. Les agents ont été dotés de tenues ignifuges et accessoires de protection d'accompagnement (casque, gants et bottes spéciales). Nous songeons aussi, à doter les agents d'intervention de gilets porteurs d'eau pour éteindre le feu dans les endroits inaccessibles aux véhicules anti-incendie. En ce qui concerne la régénération de la faune et de la flore dévastées, la DGF a tout un programme de plantations de prévu à commencer par l'opération «un arbre pour chaque citoyen». Avez-vous pensé d'ores et déjà à faire face aux feux de forêt prochains, autrement dit quelle est votre stratégie pour faire face à ces faits inédits et lutter contre ces actes? La stratégie en matière de gestion des incendies de forêt, ne se limite pas uniquement à l'administration des forêts, ni à l'action uniquement de la gestion des incendies. Une des missions de la DGF c'est la prévention. Le dispositif de prévention et de lutte contre les feux de forêt mis en place par la DGF englobe plusieurs aspects, notamment en matière de sensibilisation et d'éducation environnementale, de travaux de prévention tels que les actions d'entretien et de nettoiement réalisées avant et durant la campagne, les ouvertures de pistes et les ouvrages de défense des forêts contre les incendies (Dfci). Il y a aussi, comme signalé plus haut, le renforcement du nombre de colonnes mobiles qui sera de 30 avec 10 nouvelles colonnes qui viendraient s'ajouter aux 20 déjà opérationnelles. Le Premier ministre lors de la réunion du 5/08/2020 avait installé une cellule de veille domiciliée au niveau du Miclat et présidée par le délégué aux risques majeurs qui a ouvert un certain nombre de chantiers dans le domaine des feux de forêt. Il y a entre autres la conception de drones spécifiques aux missions des deux institutions impliquées dans l'intervention (forêts et Protection civile) confiée au Centre des recherches en technologie industrielle (CRTI). Faut-il revoir la loi sur la forêt et penser à instaurer des lois ou plutôt des mesures plus draconiennes? La loi portant régime forestier est comme il a été annoncé par le ministre de l'Agriculture et du développement rural lors de son passage au Sénat est en train d'etre revue avec le concours d'un expert engagé par notre ministère. La partie sanctions sera durcie, mais aussi l'ouverture des espaces forestiers pour une exploitation durable sera prise en charge.