À situation économique exceptionnelle, mesures exceptionnelles. L'expert en économie Kamal Kheffache suggère plusieurs pistes pour relancer et booster l'investissement en Algérie. Selon lui, il faut une volonté politique et une vision détaillée des besoins pour concrétiser le plan d'action du gouvernement. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Qualifiant le plan d'action du gouvernement de «vaste», l'économiste Kamal Kheffache fait remarquer d'emblée, que celui-ci intervient dans des circonstances exceptionnelles. Il souligne la crise financière engendrée par la chute des prix du pétrole à laquelle fait face l'Algérie depuis 2014, les conditions politiques vécues en 2019, puis l'avènement de la pandémie de coronavirus en mars 2020. «La crise sanitaire a complètement changé la donne et poussé le gouvernement, il y a un an et demi, à prendre des mesures pour protéger l'économie nationale et sauvegarder les emplois», disait-il, hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 1. Pour lui, la concrétisation du plan d'action du gouvernement requiert un certain nombre de conditions. «Aujourd'hui, le secteur économique peut connaître une dynamique , à condition d'assurer une vision détaillée et précise, une volonté politique, des compétences humaines et des ressources financières, mais aussi déterminer les priorités et assurer les mécanismes nécessaires ainsi qu'un contrôle permanent», précise-t-il. L'expert fait remarquer que nombre de petites et moyennes entreprises ont été affectées par la situation actuelle et nécessitent, aujourd'hui, un accompagnement et des facilitations par les instances nationales et même des autorités locales, afin de les «redynamiser». Il plaide également pour l'émergence d'un climat d'investissement favorable pour la création de nouvelles entreprises économiques, et développer celles qui existent déjà. «Les petites et moyennes entreprises ne peuvent pas rester renfermées sur elles-mêmes. Elles doivent s'adapter aux nouvelles données économiques et intégrer la chaîne des valeurs mondiales», note-t-il. Il estime d'ailleurs que l'économie nationale ne doit pas se concentrer uniquement à l'intérieur du pays. «Une économie fermée ne peut bouger. Il faut une ouverture sur le monde dans un cadre organisé», suggère-t-il. S'agissant de l'investissement, l'invité de l'émission a insisté sur la visibilité. Il évoque, entre autres, la stabilité juridique ainsi que l'éradication de la bureaucratie. «Les textes de lois ne doivent pas changer périodiquement. Il faudrait qu'ils soient clairs et stables. Quant à la bureaucratie, elle représente le premier ennemi de l'investissement», note-t-il. Il mentionne, à cet effet, les lois précédentes relatives à l'investissement qui, dit-il, «comptent de nombreuses lacunes, notamment en termes de mécanismes, des organismes accompagnateurs des investisseurs et de la fiscalité». Evoquant l'exportation, le Dr Kamal Kheffache affirme que cette opération nécessite des entreprises fortes et doit s'inscrire dans la durée. «Il ne faut pas se contenter d'une opération d'exportation chaque six mois, une année ou deux ans. L'exportation doit être permanente.» Il a, en outre, appelé à accélérer les réformes du système financier afin de permettre l'investissement et contribuer à apporter un soutien financier aux entreprises. «Les banques doivent accompagner de manière efficace les petites et moyennes entreprises qui ont émergé, car celles-ci ne disposent pas de grands capitaux», dit-il. Ry. N.