Pour accompagner la diversification de l'économie nationale et faire face à la grave crise pétrolière, le gouvernement devra prendre de nouvelles décisions et envisager une réforme de la législation. La réunion du Conseil des ministres, mardi, a focalisé sur cet aspect. Selon les termes du communiqué de la Présidence, il est question de «mettre en œuvre les dispositions de la Constitution révisée, en ce qui concerne le rôle de l'Etat pour l'amélioration du climat des affaires, la régulation du marché et la protection des consommateurs». Or, s'accordent à dire des spécialistes du monde de l'entreprise, l'Algérie ne souffre pas d'un problème de législation ni de réglementation mais de leur «mise en application». L'expert en compétitivité des entreprises, Kamal Kheffache, a souligné l'existence de nombreux textes qui régissent le secteur économique, notamment la PME. Il suggère, à cet égard, de faire le bilan de la panoplie de textes existants afin d'amender les textes qui constituent «un goulot d'étranglement» limitant le développement des entreprises et l'économie, d'une manière générale. Malgré toutes les mesures prises jusque-là, l'Algérie accuse un énorme déficit en termes de création de PME, d'où «la nécessité d'avoir une visibilité» sur les objectifs à atteindre. Il préconisera des soutiens aux entreprises pour les encourager à investir dans le secteur des services qui enregistre annuellement une importante facture d'importation. Pour sa part, le président de l'ACE (Association nationale Algérie conseil export), Smaïl Lalmas, préconise de se focaliser sur les compétences chargées de la mise en œuvre des réglementations, au lieu de penser à élaborer de nouveaux textes. Dans ce sens, il craint que le nouveau code d'investissement ne soit pas appliqué sur le terrain. Le spécialiste dit ne pas comprendre les orientations du gouvernement qui prône la diversification économique hors hydrocarbures tout en favorisant de lourds investissements dans le secteur pétrolier. La diversification, recommande Smaïl Lalmas, exige la mise en œuvre d'une stratégie bien définie en termes de secteurs à développer et à encourager. A partir de là, il sera possible de savoir «le type d'économie que nous voulons», car l'Algérie s'apprête à prendre un grand virage pour passer d'un modèle économique basé sur les importations à un modèle basé sur les exportations hors hydrocarbures. Mais, insiste-t-il, tout se jouera sur le plan des compétences à mobiliser pour atteindre cet objectif. Il conditionnera également le passage à ce modèle de croissance économique par «le recensement des potentialités de chaque secteur» afin de pouvoir définir la stratégie de développement. Celle-ci devra être alimentée par des informations sur chaque secteur. Concernant le nouveau modèle de croissance économique, il dira ne pas détenir d'informations sur son contenu. Il regrettera, à cet effet, l'absence de concertation et de consensus sur ce modèle. Un avis partagé par Kamal Kheffache, qui fera savoir que le nouveau modèle n'a pas été exposé pour débat. Les seules informations sur ce modèle ont été relayées par la presse, a-t-il déploré. Néanmoins, ce spécialiste recommandera de définir les échéances de mise en œuvre et la définition des secteurs qui recèlent des potentialités de développement.