La conséquence première du match nul concédé par l'EN algérienne à Marrakech face au Burkina Faso (1-1) est de donner au match de la sixième journée de ce tour, en Algérie, le cachet d'une finale-couperet, bien entendu en imaginant que les deux protagonistes, favoris du groupe A, remportent leurs trois prochaines confrontations, respectivement, contre le Niger et Djibouti. Parti pour ramener la victoire, le team Algérie s'est finalement contenté du partage des points, qui n'est pas une si mauvaise affaire à voir l'évolution des poulains de Djamel Belmadi en cette chaude soirée du mardi 7 septembre dans la ville ocre du centre du royaume chérifien. Un match en demi-teinte que le sélectionneur national lui-même se donne le temps pour mieux analyser, tellement certains aspects de la configuration avec laquelle Mahrez et compagnie ont étalé n'avait aucune ressemblance avec les 28 précédentes sorties positives de la sélection. Durant cette soirée où les Verts se sont fait peur, Belmadi espère tirer beaucoup d'enseignements, lui qui tablait certes sur une victoire contre le Burkina Faso, coriace mais pas totalement en mesure de bousculer les Algériens comme ils l'ont fait sur la pelouse du Grand Stade de Marrakech, sans jamais cacher ses craintes. Lesquelles appréhensions, particulièrement liées au climat mais pas seulement, se sont avérées réelles au bout d'une petite demi-heure de ce 21e face-à-face algéro-burkinabé. Physiquement à la limite, les camarades de Feghouli ont semblé essoufflés, mal inspirés et certainement dépassés par les évènements. Aux coups bas des joueurs de Kamou Malo, sous l'œil parfois complaisant de l'arbitre Joshua Bondo, les Algériens répliquaient par des gestes de dépit eux qui, d'habitude, ne rechignaient point devant l'adversité et l'agressivité. Bensebaïni, sèchement taclé par le buteur burkinabé, lequel aurait dû être exclu sur cette agression, ripostera bêtement par un tirage de maillot qui lui vaudra un avertissement. Le défenseur du Borussia Mönchengladbach, mis à mal par le coup de son vis-à-vis, ne reviendra jamais dans la rencontre et dû finalement quitter ses camarades avant l'heure du jeu. Pour Feghouli et Slimani, le buteur et le passeur durant ce duel, la fraîcheur physique a terriblement manqué. Le médian du Galatasaray, préservé lors du match contre Djibouti, a manqué de jus et son rendement faiblissait au fil des minutes. Quant à l'attaquant lyonnais, qui avait deux belles opportunités de tuer le match, l'abattage des 20 premières minutes a complètement disparu dès lors que les Burkinabés ont réussi à le museler en l'isolant de ses camarades attaquants ainsi que de la zone de vérité défendue par Hervé Koffi. C'est sur ce duo Feghouli- Slimani que Belmadi a pourtant misé pour fracasser les étalons, sans oublier bien entendu la paire Mahrez-Belaïli chargée de l'animation des offensives sur leurs couloirs offensifs. Le choix de Belmadi de confirmer Slimani à la pointe de l'attaque au détriment de Bounedjah, qui faisait partie du quatuor offensif des Verts devant Djibouti, serait-il derrière la prestation mitigée de la ligne d'attaque algérienne contre le Burkina Faso ? Nombre d'observateurs assurent que l'entente Bounedjah- Belaïli, peu satisfaisante il est vrai jeudi passé à Blida, aurait offert un meilleur équilibre offensif aux Verts. Soit. Mais, se permettre d'aligner une paire en manque de compétitions officielles en club, le Championnat qatari débutera la semaine prochaine, n'encourageait nullement le driver de la sélection à opter pour un tel choix. La chaleur ambiante qui a subsisté durant les 90 minutes de la rencontre a usé des joueurs plus jeunes et autrement mieux préparés physiquement. Le sociétaire du FC Twente, Zerrouki, qui a pris beaucoup de coups, a failli abandonner l'équipe avant le terme du premier half, tellement il se tordait de douleur au niveau du bas-ventre (certainement des adducteurs), tout comme Bennacer que vraisemblablement Belmadi a programmé pour disputer une partie du match et non pas l'intégralité du temps du match. Le physique a primé, l'attaque pénalisée Devant des Burkinabés mieux adaptés à l'ambiance générale de Marrakech (chaleur, terrain, etc.) du fait qu'ils étaient sur place depuis plus d'une semaine et ont livré le match contre le Niger sur cette même pelouse, les Verts ont présenté un visage moins séduisant que d'habitude. Par manque de fraîcheur physique certainement mais également en raison des limites techniques de certains éléments du puzzle préparé par Belmadi. Avec un Zeffane qui semblait confiné dans une tâche ultra-défensive, il n'était aisé à Mahrez, déjà bien marqué par les défenseurs adversaires, de faire la différence en délivrant les bons ballons à Slimani puis Bounedjah ou à tenter des frappes vers le but. Pis, Mahrez s'est retrouvé par moments à défendre dans le périmètre algérien délaissant son poste et privant l'équipe de sa précieuse contribution offensive. L'ailier des Cityzens a paru émoussé et peu inspiré laissant penser à une défaillante fraîcheur physique induite par le double travail (offensif et défensif) accompli. Si le capitaine des Verts a pu terminer le match, il n'en était pas le cas pour Belaïli. Le numéro 8 des Verts, qui a fait un travail remarquable pendant les 20/25 premières minutes de la rencontre, a ensuite sombré, harcelé par le dispositif des Burkinabés mais surtout par le manque de soutien que lui apportait souvent Bensebaïni sur le couloir gauche. Privé par ailleurs d'un appui de taille sur le front offensif, Bounedjah en l'occurrence, avec lequel il s'entend parfaitement, le natif d'El-Bahia a terminé l'heure de jeu passée sur le terrain sur les jantes. L'incorporation de Benrahma sur le flanc gauche, où le jeune Khacef a manqué d'audace et d'autorité, pour appuyer le buteur d'Al-Sadd, n'a eu aucun impact sur le jeu d'attaque des hommes de Belmadi. Brillant avec son club, Benrahma s'est embourbé dans une zone parfaitement «bouclée» par Steeve Yago et ses amis de la défense. La construction du jeu offensif algérien, confiée en fin de match à Bennacer et Zerrouki, s'est avérée inefficiente tellement les attaquants étaient muselés voire neutralisés et repoussés au-delà de la zone de vérité de Koffi. Si bien que Belmadi a dû se résoudre à avouer que son équipe n'avait plus les ressources pour reprendre l'avantage et qu'il lui fallait prendre ses distances dès le premier acte. Sur FAF TV, le sélectionneur témoignera de la difficulté de cette seconde sortie de son équipe en qualifications du Mondial-2022, en assurant qu'il tirera le maximum d'enseignements suite à ce nul qui lui laisse un goût amer. «On est tellement habitués à aller en conquérants, avec cette idée de l'emporter, de prendre les 3 points même à l'extérieur. C'était l'objectif encore pour ce match-là. On a réalisé une première période accomplie, à sens unique où l'on aurait dû peut-être tuer le match.», relèvera-t-il au micro de la chaîne TV de la Fédération algérienne de football. Avant d'enchaîner : «On a eu les situations pour mener 2 ou 3-0, chose qu'on n'a pas faite. On n'a pas été assez chirurgical, pas assez tueur. En seconde période, on a mal démarré. On a eu 15-20 minutes de temps faible, c'est là où le Burkina Faso a repris de l'allant, l'envie d'aller marquer, on leur a donné cette possibilité. Le football est fait de temps forts et de temps faibles. Donc, quand il y a des temps forts, il faut être tueur. Quand on a ces temps faibles, il faut être solide. On a manqué de solidité, c'est un vrai gros point de travail, il faut revenir à ça.» Et maintenant ? Accrochés par le challenger de la poule A, les Verts n'auront désormais plus droit à l'erreur. Ce sont les neuf points qu'ils cibleront à l'occasion des trois prochaines journées où ils s'attaqueront aux deux larrons faibles du groupe. D'abord, en octobre, face au «Mena National» du Niger qui a pris les trois points de son face-à-face à Djibouti, puis contre les «Requins de la mer Rouge», lors de la 5e étape de ces qualifications. Avec 9 unités dans son escarcelle, l'EN pourra affronter le Burkina Faso en Algérie avec l'objectif minimal d'assurer un 0-0 suffisant pour passer en barrages. Mathématiquement faisable, ce scénario ne doit pas faire oublier à Benlamri qu'en football, les surprises existent. Et des moments forts et faibles, comme l'expliquait Belmadi, peuvent survenir le long d'un parcours lequel sera forcément marqué par des «(mé) faits» d'arbitrage. Un «élément» qui peut conditionner le comportement des joueurs lors d'un match. Face au Burkina Faso, tout le monde aura remarqué l'effet de l'arbitrage du Botswanais Joshua Bondo sur le groupe de Belmadi. Nos joueurs, énervés par l'agressivité des Burkinabés, n'ont eu de cesse solliciter l'intervention du referee, en vain. Le tacle assassin du buteur Abdoul Tapsoba sur Bensebaïni, au tout début de la rencontre, a influé sur le rendement technique, et psychologique du défenseur du Borussia Mönchengladbach qui écopera d'un carton jaune de manière gratuite. L'action de Mahrez, en fin de match, qui a vu le défenseur le bousculer dans la zone de vérité sans que l'arbitre, ni son assistant, signale le point de penalty, nous renseigne sur l'impact de tels «ingrédients» typiquement africains sur l'issue des matchs de cette importance. Et rien ne dit que cette cabale arbitrale envers les Algériens cessera de sitôt. La FAF a, certes, écrit à la CAF et même à la Fifa pour les tenir informées sur ces injustices à répétition à l'encontre des champions d'Afrique. Aucun écho n'a été obtenu et les arbitres africains, dont la plupart ont un niveau tout juste moyen pour officier dans une compétition régionale, continuent de sévir. En octobre et novembre et bien plus tard, ces arbitres sillonneront encore le continent en ayant à l'esprit qu'ils sont les meilleurs et surtout des intouchables. Le plan d'assainissement promis par le nouveau patron de la CAF, Patrice Motsepe, aura encore du plomb dans les ailes. L'instance africaine qui n'a pas encore mis la main sur un nouveau patron de la commission d'arbitrage. En mai dernier, lors de la réunion du comité exécutif de la CAF à Kigali, toutes les commissions permanentes de la confédération ont été pourvues en responsables sauf celles d'arbitrage et technique et développement à propos desquelles, le Sud-Africain Motsepe attendait des propositions. Quelques mois plus tôt, le même Motsepe a installé une commission formée de 10 experts en matière d'arbitrage en Afrique dont la mission est de veiller au développement du secteur et au renforcement du niveau technique des arbitres africains. Jusqu'alors, aucune nouveauté n'a été constatée et les sélections africaines continuent de souffrir le martyre des méfaits et de la mauvaise «appréciation» des sifflets en charge des compétitions gérées par la CAF. M. B.