Après l'expédition d'une cargaison de 28 500 tonnes en juin dernier, et après une absence de plus de quatre ans, la Russie a confirmé son retour sur le marché algérien du blé avec l'envoi de 30 000 tonnes, la semaine dernière. L'agence Reuters a fait savoir, jeudi, que la Russie a envoyé, la semaine dernière, un navire transportant plus de 30 000 tonnes de blé vers l'Algérie depuis son port de Taman sur la mer Noire, selon l'organisme russe de surveillance de la sécurité agricole. C'est en fait une première cargaison qui a été envoyée vers l'Algérie puisque, selon la même source, un autre navire chargé d'une cargaison de 30 000 autres tonnes de blé devrait être expédié vers l'Algérie ce mois-ci, ont déclaré à Reuters des sources proches de l'approvisionnement. Les Russes confirment ainsi leur volonté de vouloir reprendre leur part sur le toujours florissant marché algérien, et cela tombe à un moment très propice pour eux, pour au moins deux bonnes raisons. La première a trait à la révision à la hausse du programme d'importation de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), révision due à l'impact induit par les conditions météorologiques sur la production locale qui, selon des estimations de diverses sources, devrait accuser un déficit se situant entre 38 et 40% de la production envisagée. Deuxième raison, comme le reflètent ses importations de blé depuis au moins deux ans, l'Algérie a décidé de multiplier ses sources d'approvisionnement, et ce, pour divers impératifs dont celui relatif à la crise financière qui frappe le pays, et qui commande donc aux Algériens d'être très regardants sur les prix. Autre fait majeur ayant favorisé le retour des Russes sur le marché algérien, cette retouche à la réglementation apportée par les autorités algériennes qui ont décidé, il y a près d'une année maintenant, de revoir le cahier des charges relatif aux caractéristiques du blé «importable», et ouvrir ainsi de nouveau les portes du marché algérien au blé russe. Par ailleurs, la cargaison envoyée de Russie la semaine dernière appuie, ainsi, les dires selon lesquels l'Algérie est partie pour diminuer encore sa «dépendance» en blé vis-à-vis des habituels fournisseurs, notamment français dont les affaires n'ont pas été arrangées par cette histoire du cadavre d'animal découvert dans une cargaison de blé acheminée vers le port d'Oran, qui a fait grand bruit au tout début de cet été. Quoi qu'il en soit, le marché mondial du blé traverse un contexte très difficile qui, entre autres conséquences, voit les prix prendre de l'aile partout sur les marchés mondiaux. Il en est ainsi dans les pays de l'Union européenne qui, selon les dernières statistiques officielles, ont exporté 3,8 millions de tonnes entre le 1er juillet et le 29 août dernier, contre 4,9 millions de tonnes à la même période en 2019. Il se trouve que l'Algérie, avec 14,7% du blé exporté, a été jusqu'à il y a deux semaines, le principal acheteur de blé provenant de l'Union européenne. Grâce à des fournisseurs autres que français, allemands notamment, c'est une part qui revient aux Européens partie pour demeurer intacte malgré l'incursion de la Russie, qui a annoncé il y a peu, une nouvelle prévision sur la réduction de sa production de blé, qui devrait atteindre son plus bas niveau depuis cinq ans. Azedine Maktour