Les appels à la restitution du canon Baba Merzoug « le redoutable » se multiplient. Les membres du comité national qui s'est donné pour mission d'œuvrer à récupérer coûte que coûte, cette pièce symbolique et non moins indissociable de notre patrimoine historique, se mobilisent. Ils ont réitéré, hier encore, leur appel à la restitution de ce symbole, érigé dans le port militaire de Brest en France, depuis 1883 à ce jour. Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - «Le retour de Baba Merzoug relève de la sauvegarde de la mémoire nationale», c'est en ces termes que les membres dudit comité ont exprimé leur profond « attachement» à la restitution de cette pièce chargée de valeurs symboliques. Maître Fatima Benbraham, qui en est la présidente, a rappelé, hier, lors d'une conférence abritée par le palais des Raïs (Bastion 23), que ce canon, qui a été déporté par la France en guise de trophée de guerre, n'a nullement sa place au port militaire de Brest. La raison est qu'il a été installé à l'extérieur du compartiment où sont généralement placées des pièces de ce genre. Plus révoltant que cela, celui-ci a été rebaptisé «la Consulaire» dans l'unique but de falsifier l'Histoire. «Cette démarche fallacieuse a pour but de lui donner le rôle d'agresseur et non de défenseur». Et ce, après «avoir servi à exécuter Jean Le Vacher, consul français». Au-delà de ces détails, maître Fatima Benbraham a, dans son argumentaire juridique, spécifié que, juridiquement parlant, «l'Algérie a la légitimité totale de revendiquer ce symbole qui est une composante de son identité». Identifiant la nature juridique de cette arme ancienne, l'avocate a précisé que la loi «établit de manière claire que les objets produits par l'Algérie avant la colonisation ne peuvent absolument pas être considérés comme appartenant au patrimoine historique français». Autre élément qui appuie ce constat, dit-elle, «cette pièce d'artillerie a été déplacée depuis Alger vers Toulon avant d'être transférée en 1833 à Brest». Elle insiste sur l'importance de distinguer entre les deux termes «déplacer» et «transférer». Dans ce cas précis «le canon a été déplacé». Une nuance qui, selon elle, nous amène à certifier que cela relève d'un acte de vol. Fatima Benbraham rappelle que d'autres vestiges et symboles ont été usurpés de la même façon par l'armée coloniale et que le comité qu'elle préside entend demander réparation. «Cette pièce maîtresse de la défense du port d'Alger doit à tout prix retourner à sa patrie », insiste l'intervenante. Pour elle, le canon Baba Merzoug appartient au patrimoine national et il faut à tout prix le récupérer. «C'est l'une de nos fiertés et une composante de notre histoire, sa restitution doit être l'affaire de tous», a-t-elle martelé. Ce canon en bronze de 12 tonnes et 7 m de long protégeait la rade d'Alger depuis le XVIe siècle. Il a une portée de 4 872 m. En 1830, après l'expédition d'Alger, il est rapporté en France. Le canon a été conçu dans les fonderies de Dar Ennahas, près de la porte Bab-el-Oued en 1542. Cela fait exactement 191 ans que cette pièce a été déportée. M. Z.