Rachid Dali, l'ex-attaquant international des années 60 et 70 de la JSM Béjaïa et de la JS Kabylie, qui nous a quitté récemment, portait le même nom que le célèbre peintre espagnol. Si ce dernier excellait dans son domaine, Rachid, lui, était un artiste également dans le football de l'époque au point d'être considéré comme l'un des meilleurs de l'histoire du ballon rond algérien. La particularité de Rachid Dali, était son art de marquer des buts dans toutes les positions que ce soit avec ses deux pieds ou sa petite tête qui a battu bien des gardiens adverses. Tout comme son illustre homonyme, sa réputation avait dépassé nos frontières puisqu'il fit partie de cette fameuse sélection africaine qui affronta le reste du monde dans un tournoi au Mexique. Opportuniste, oui, il l'était comme tout bon attaquant de pointe, mais aussi fantasque comme en témoigne ce but qu'il inscrivit contre le MOC après un remarquable contrôle de la poitrine et un magnifique retourné ou coup de ciseaux comme on le désignait à l'époque qu'il aura marquée avec brio. H. B. Témoignage : Mouloud Iboud, ex-capitaine de la JSK et coéquipier de Rachid Dali : «Dali était un vrai baroudeur» La perte d'un ancien coéquipier est toujours dure à supporter ... Oui dans la mesure où je viens de perdre un ancien coéquipier mais aussi un ami et un frère parce qu'il a joué avec moi à la JSK Pendant combien de temps ? Cinq ans, soit de 1972 à 1977, vu qu'il a arrêté sa carrière juste avant la réforme et après le doublé de 1977. J'ajoute qu'il a gagné quatre titres avec la JSK. Quel genre d'attaquant était-il ? A mon avis, c'était l'un des meilleurs avants-centres de son époque si ce n'est le meilleur. D'ailleurs, l'entraîneur de la JSK de ce temps-là en l'occurrence, Popescu disait de lui qu'il représentait 50% de l'équipe. En outre, Dali a fait ses preuves en équipe nationale et il ne faut pas oublier qu'il a fait partie de la sélection africaine qui était drivée par une légende, à savoir Rachid Mekhloufi et qui a disputé une mini-coupe du monde. Ils n'étaient que quatre Algériens à avoir été retenus, en plus de Rachid il y avait Miloud Hadefi, Benferhat «Allah y rahmhoum» ainsi que Salhi Abdelhamid. Rachid Baris, un autre ancien coéquipier à la JSK, a déclaré que Dali était le Lewandowski de l'époque, êtes-vous d'accord avec lui ? Oui, j'adhère complètement à cet avis parce que Rachid était un attaquant de pointe hors-pair et s'il avait eu la chance de vivre l'époque actuelle avec les moyens modernes, les pelouses en gazon naturel et les moyens de récupération, il n'aurait pas de prix. Il faut dire qu'en ce temps-là, il y avait des «cracks» à l'image de Hadefi, Benferhat et Salhi. D'ailleurs, Hacene Lalmas disait qu'en ce temps-là, il n'y avait pas beaucoup d'argent dans le foot mais il y avait de grands joueurs, alors qu'aujourd'hui il y a beaucoup d'argent mais pas de grands joueurs. Que diriez-vous de ses qualités ? Il jouait des deux pieds et il avait un très bon jeu de tête. Il était athlétique et sa frappe de balle était impressionnante. C'était un vrai baroudeur. Et en dehors des terrains, quel genre d'homme était-il ? Un bon vivant, pour ne pas entrer dans des détails et il a vécu à 100 à l'heure. Est-il vrai qu'il a arrêté sa carrière assez tôt en raison du décès de son fils aîné ? Non, son fils est mort bien après, au cours des années 90, alors que lui, je pense qu'il a mal vécu son statut de remplaçant lors de la finale de la Coupe d'Algérie en 1977 vu que c'était Bailèche qui avait été titularisé. Juste après ce match, il a quitté le club pour encore jouer une année à la JS El-Biar avant de prendre en main le club de Sidi-Aïch comme entraîneur. Propos recueillis par Hassan Boukacem