Tahar Benferhat est l'un des joueurs qui a le plus marqué la génération post-indépendance de footballeurs algériens qui se sont illustrés à une époque où les moyens n'étaient pas aussi fournis qu'aujourd'hui pour permettre l'expression du talent. Il a traversé sa carrière de joueur en club et en équipe nationale (1962-1976) avec beaucoup de classe, de sportivité et de fair-play. C'est rare de croiser un défenseur au gabarit impressionnant qui n'use pas de son physique pour intimider l'adversaire et surtout qui possède une technique très au-dessus de la moyenne. Tahar était pourvu de toutes ces qualités. Il a vu le jour le 23 mars 1944 à Tiaret. Comme joueur, il n'a connu qu'un seul club. Celui de sa ville et de sa jeunesse, la JSM Tiaret, qu'il porta à bout de bras pendant presque deux décennies. Au lendemain de l'indépendance — il avait 18 ans —, il rejoint la JSMT comme junior. Rapidement il est intégré dans l'effectif senior. A 20 ans, le 5 juillet 1964, il dispute son premier match international contre le Dynamo Zagreb (ex-Yougoslavie) à Alger. Avec Melaksou, il forma la paire centrale alignée par feu Abderrahmane Ibrir. Sa carrière internationale était lancée. Elle s'arrêtera 10 ans et un mois plus tard face au Maroc (0-2) à Casablanca. Il totalisa 41 sélections et marqua un seul but sous le maillot vert. Sa carrière en club a été très riche même si la JSM Tiaret n'a inscrit aucune ligne sur son palmarès. Et pourtant ce n'étaient pas les bons joueurs ni les excellentes individualités qui faisaient défaut à l'équipe du Sersou. Son camarade en club et en équipe nationale, le gardien Krimo Larbi, était l'un des meilleurs keepers en Algérie. Il formait avec Nassou, Ouchen, Abrouk, Kamel Tahir, le noyau de gardiens sur lequel se sont appuyés les différents sélectionneurs qui se sont succédé à la tête des Verts durant la période 1964-1974. Avec les frères Banus, Skander, Tas, Ould Bachir, Okat, Benmessaoud..., la JSM Tiaret avait les moyens humains pour gagner des titres. Malheureusement, elle n'a pas pu le faire. Tahar Benferhat a, quant à lui, bien mené sa barque en alternant entre son poste de défenseur central et celui d'avant-centre lorsque la ligne avant était en panne. Saïd Amara, qui l'a eu sous ses ordres à la JSMT et en équipe nationale, l'encouragea plusieurs fois à jouer devant pour faire valoir son extraordinaire détente aérienne et sa lourde frappe de balle. Amara derrière et Tahar devant, Tiaret n'a pas perdu au change. Lors d'un match contre le GC Mascara, dans les années 1970, Tahar Benferhat a fait passer un mauvais moment à Baker, le dernier rempart de Mascara, à qui il a marqué 4 buts. Un exploit dont peu de défenseurs dans le monde peuvent se targuer. Tahar a connu son heure de gloire et la consécration internationale en 1972 et 1973 lorsqu'il a été sélectionné à deux reprises dans la sélection africaine. La première fois (1972), c'était à l'occasion de la mini-Coupe du monde (prélude à la Coupe des confédérations actuelle) qu'avait organisée le Brésil. Au pays de Pelé, Tahar a brillé de mille feux au sein de la sélection africaine dirigée par Rachid Mekhloufi. A la fin du tournoi, son nom figurait sur la liste de l'équipe type de la compétition. Une année plus tard (1973), il a de nouveau fait partie de la sélection africaine, avec d'autres joueurs algériens, Hadefi, Ouchen, Salhi et Dali, qui a participé à un grand tournoi international organisé au Mexique sous l'égide de la FIFA. Une fois sa carrière de joueur achevée, Tahar Benferhat s'orienta naturellement vers celle d'entraîneur. Il dirigea de nombreuses équipes de l'Ouest, à l'instar des deux clubs de Mostaganem (ESM et WAM), Mascara, l'USM Bel Abbès, Mecheria, Tissemsilt, Frenda, sans oublier son club de cœur, la JSM Tiaret. Par la suite, il fit un court passage à la tête de la sélection nationale Espoirs (1989). Petit à petit, il a amorcé son retrait du football et de son environnement qui n'étaient plus les mêmes que ceux de ses débuts de footballeur et ensuite de sa carrière. Sans bruit, le monument de Tiaret et de l'équipe nationale s'est retiré sous sa tente. Aujourd'hui, à 74 ans, il est un peu fatigué... et oublié par le football et ses acteurs. Entouré de la chaleur de sa famille et de quelques amis qui n'oublient jamais de lui rendre visite, Tahar Benferhat mériterait un peu plus d'égard de la part de tous les responsables du sport et du football algérien. Il reste une icône du football algérien. La reconnaissance, au double plan national et continental, il l'a acquise sur le terrain grâce à son immense talent et à sa légendaire modestie.