Vingt-deux ans, tout juste débarqué au Bayern, et déjà titulaire indiscutable ! Dayot Upamecano, arrivé de Leipzig cet été, sera de nouveau mercredi le pilier de la défense centrale du «Rekordmeister» en Ligue des champions contre le Dynamo Kiev (21h). «C'est un grand défenseur, il n'a pas eu besoin de beaucoup de temps pour s'adapter», s'enthousiasme son aîné Lucas Hernandez, qui a mis, lui, presque deux saisons pour faire son trou chez les champions d'Allemagne. L'exploit n'est pas mince : en deux mois, le néo-international (3 sélections seulement) acquis pour 42,5 millions d'euros a justifié l'investissement : il s'est imposé face à un champion du monde, Hernandez, et un pilier de l'équipe d'Allemagne, Niklas Süle, réduits pour l'instant à se partager la deuxième place en charnière centrale. Au point que la presse munichoise semble avoir oublié ses angoisses du mois d'août, lorsqu'elle se demandait si les départs simultanés de David Alaba, Jérôme Boa teng et Javi Martinez n'allaient pas affaiblir durablement la défense du géant bavarois. «Il ne faut pas croire que c'est un changement facile», reconnaît pourtant le natif d'Evreux, ami d'enfance du Barcelonais Ousmane Dembélé, dans une récente interview à L'Equipe. «J'ai passé presque cinq ans à Leipzig. L'équipe est différente, mais je trouve que je me suis bien adapté». «Bouffer les attaquants» Son arrivée en Bavière, il l'admet volontiers, a été grandement facilitée par le fait qu'il y a retrouvé son coach Julian Nagelsmann, transféré en même temps que lui, et avec qui il a disputé près de 80 matchs au RB Leipzig, dont un quart et une demi-finale de Ligue des champions en 2020. «C'est un avantage qu'il me connaisse et qu'il sache ce que j'attends des joueurs», reconnaît aussi le technicien star de 34 ans, qui admire la vitesse, la puissance physique et la sérénité dans les duels de son jeune protégé. «Il doit encore progresser dans l'aspect offensif de son jeu, souligne-t-il, mais pour moi le plus important, c'est d'abord que nous ayons l'envie de bouffer les attaquants adverses, de défendre d'homme à homme dans la surface, et de ne pas prendre de but». Nagelsmann «m'aide dans beaucoup de domaines, témoigne de son côté Upamecano, il aime la vidéo et, à Leipzig, on en faisait beaucoup ensemble. Il me disait ce qui était très bien chez moi, ce que je devais mieux faire, et moi j'aime quand un coach me dit aussi mes défauts». Sorti après 30 minutes Cette envie de progresser a toujours été le moteur de ce garçon discret dans la vie, issu d'une famille unie et chaleureuse. A 16 ans, alors qu'il jouait chez les jeunes à Valenciennes, plusieurs grands clubs, dont le Paris SG, les deux clubs de Manchester, United et City, et déjà le Bayern, ont cherché à l'attirer vers leurs centres de formation. Il leur a préféré le plus obscur RB Salzbourg, avec la promesse que, dans la filière Red Bull, il aurait de meilleures chances d'accéder rapidement au niveau professionnel. Pari gagné : à 17 ans, il jouait dans l'équipe première, et a ouvert son palmarès en participant à deux doublés Coupe-Championnat d'Autriche, avant d'être logiquement transféré vers Leipzig, le vaisseau amiral de la flotte Red Bull. Ses débuts y ont été difficiles. Pour sa première titularisation, en février 2017, le coach de l'époque Ralph Hasenhüttl (actuellement à Southampton) l'a sorti après 30 minutes. «Nous avons craint que ça le perturbe complètement, a avoué plus tard Hasenhüttl, mais c'est le contraire qui s'est produit. Il a rapidement appris de ses erreurs». Cinq ans plus tard, «Upa» continue à apprendre. Mais ses rêves ont grandi avec lui : il vise désormais une victoire en Ligue des champions avec Munich, et une place en équipe de France pour le Mondial au Qatar.