Augustin était barré par les stars au Paris SG, Upamecano et Konate ont préféré la formation loin des projecteurs des médias français: les trois jeunes Français font aujourd'hui le bonheur du RB Leipzig, et s'apprêtent à démontrer leurs progrès ce soir contre Marseille en Europa League. En l'absence du capitaine Willi Orban, suspendu, Dayot Upamecano et Ibrahima Konaté, âgés respectivement de 19 et 18 ans, devrait former la charnière centrale. Devant, Jean-Kevin Augustin, 20 ans, est soumis à plus forte concurrence, et attendra le choix du coach. Tous les trois internationaux (Augustin et Upamecano en Espoirs, Konaté en U19), le trio bénéficie de la philosophie très particulière du RB Leipzig, partie émergée de la galaxie football de Red Bull: le club n'engage aucun joueur de plus de 25 ans et lance en permanence dans le grand bain de jeunes pépites en formation. Timo Werner, l'avant-centre de la Mannschaft, Naby Keita, recruté par Liverpool l'an prochain, ou Joshua Kimmich, aujourd'hui pilier du Bayern Munich, sont de purs produits de ce système. En octobre dernier, lorsque l'entraîneur Ralph Hasenhüttl a aligné pour la première fois deux grands adolescents en défense centrale pour un déplacement à Cologne, les commentateurs ont pourtant levé les sourcils. Upamecano, qui allait fêter ses 19 ans quelques jours plus tard, n'avait pas 20 matchs de Bundesliga dans les jambes, et Konaté, arrivé de Sochaux (Ligue 2) en début de saison, faisait ses débuts en première division. Leipzig a gagné 2-1. Depuis, Upamecano est devenu un titulaire indiscutable, et Konaté n'a jamais déçu lorsqu'il a eu sa chance. Le pouls au repos Ils étaient de nouveau associés en mars lors de la victoire de prestige contre le Bayern Munich (2-1)! «Avec nos deux jeunes Français, je suis tranquille», souriait Hasenhüttl après le match : «Lorsque je vois comment Ibu Konaté a joué contre le Bayern, j'ai le pouls totalement au repos...» Selon la presse allemande, le FC Barcelone s'intéresse déjà à Upamecano pour prendre la suite de Samuel Umtiti. Mais le club saxon, qui ne veut lâcher aucun joueur cadre, a fixé à 100 millions d'euros sa clause libératoire, un prix encore hors-norme pour un défenseur. «Je garde les pieds sur terre», assure ce jeune homme plutôt timide, parti à 16 ans de Valenciennes pour aller se former au Red Bull Salzbourg, en Autriche : «Peut-être qu'il y a des clubs (intéressés), peut-être pas. Je reste concentré sur mon club, j'ai des objectifs (...) Que ce soit en club ou en sélection, je veux attraper le plus de temps de jeu possible. Je sais que sur le terrain, j'ai progressé, je le sens. En dehors des terrains, je reste toujours le même. J'ai des parents qui m'aident beaucoup, qui me parlent beaucoup». Jean-Kévin le «bad boy» L'autre «petit Français» de Leipzig, Jean-Kévin Augustin, est plus connu dans l'hexagone. Parti l'été dernier du PSG, où il n'avait joué que des bouts de matchs, il est passé pour un «bad boy» en septembre lorsqu'il a été exclu de la sélection Espoir après une altercation avec son coach Sylvain Ripoll. Depuis, l'incident est clos et «JK» a retrouvé le maillot bleu. Son pote Upamecano s'en réjouit ouvertement : «Tous les grands joueurs ont besoin de la sélection», dit-il, «C'est un gentil garçon. Je l'aime beaucoup. On se parle beaucoup: quand il va mal je lui parle, et quand je vais mal il me parle. Je sais de quoi il est capable». En club, l'ex-Parisien a également connu un passage difficile, lorsque ses dirigeants lui ont reproché de ne pas assez travailler au service de l'équipe, et de trop se reposer sur son talent. «Il y a eu quelques discussions», admet-il, «ils m'ont dit exactement ce que je devais faire et sur quoi je devais me concentrer (...) Evidemment j'ai un certain talent, mais je sais maintenant que le talent ne suffit pas. Aujourd'hui, j'ai compris ce qu'ils attendent de moi». Augustin a marqué quatre fois lors de ses six dernières titularisations, dont un but décisif en Europa League au retour contre le Zenit Saint-Pétersbourg, qui donne le droit à Leipzig de défier Marseille.