L'annonce de la réduction « drastique » de visas français pour les Algériens a entraîné une très vive réaction de l'Algérie qui a convoqué, hier, l'ambassadeur de France à Alger. Abla Chérif – Alger (Le Soir) - La riposte algérienne était attendue, elle est venue 24 heures plus tard et annoncée dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, informant que le secrétaire général de cette institution avait convoqué l'ambassadeur français à Alger, pour lui faire part de la protestation officielle du gouvernement algérien face à cette décision « prise sans consultations préalables avec l'Algérie ». Ce passage du communiqué constitue à lui seul une information de taille qui éclaire davantage l'opinion sur les véritables tenants et aboutissants de cette affaire. Il sonne aussi et surtout comme un démenti aux propos tenus la veille par le porte-parole du gouvernement français qui faisait état de consultations ayant eu lieu précédemment. Gabriel Attal déclarait en effet mardi qu'il « y avait eu un dialogue », avant de ponctuer ses propos par des termes absolument pas diplomatiques puisque, poursuivait-il, « il y a eu ensuite des menaces, aujourd'hui on met cette menace à exécution ». Le MAE algérien a donc démenti clairement l'existence de ces consultations préalables à cette décision qui « porte atteinte, dit-il, à la libre circulation des Algériens vers la France, aux droits de l'Homme et aux engagements bilatéraux ». La situation n'est pas faite aussi pour redonner du souffle aux relations algéro-françaises, pas très au point depuis un moment. L'ambassadeur de France, qui sort à peine d'une grosse polémique due à ses multiples rencontres, jugées inopportunes, avec des hommes politiques algériens, se voit, lui, convoqué une seconde fois par le MAE en moins d'une année. En mars 2020, une protestation lui a été signifiée à la suite de la diffusion d'une série de documentaires hostiles à l'Algérie. L'ambassade d'Algérie en France avait aussi été instruite d'engager une action en justice à l'encontre des chaînes télévisées en question. Cette fois, le problème est beaucoup plus grave. Paris accuse l'Algérie de ne pas délivrer assez de laissez-passer consulaires nécessaires à la reconduction aux frontières d'Algériens se trouvant en situation irrégulière. « Ils sont délivrés au compte-goutte », se plaignait Gabriel Attal. A Alger, plusieurs experts ont fait savoir que la délivrance de ces laissez-passer consulaires ne se fait qu'à la suite d'une procédure qui passe nécessairement par la vérification de la nationalité des personnes ciblées. Cette étape est l'une des plus sensibles de cette procédure, expliquaient alors ces derniers, car de nombreux immigrés en situation irrégulière déchirent leurs papiers à l'arrivée. Les enquêtes qui nécessitent des déplacements ont été suspendues au cours de ces derniers mois en raison de la pandémie. Bizarrement, Paris exclut de la liste des Algériens à rapatrier toutes les personnes ciblées par des mandats d'arrêt internationaux. Des agitateurs bien connus et activant notamment sur les réseaux sociaux poursuivent une vie normale. Le fait qu'ils aient été classés comme appartenant à des mouvements terroristes n'a rien changé à l'attitude des autorités françaises. Des développements sont, en revanche, certainement à attendre sur la question de la réduction des visas. A. C.