Les réactions des partis aux propos du Président français ne se sont pas fait attendre, les qualifiant tous ou presque de «dangereux». M. Kebci - Alger (Le Soir) - C'est ainsi que le parti du Front de libération nationale a qualifié les déclarations du Président français Emmanuel Macron de «dangereuses», pour être, selon lui, le «produit de la haine cachée de la France envers l'Algérie». Dans un communiqué rendu public, avant-hier samedi, le vieux front du pouvoir a déclaré que les déclarations du Président français confirment que la France «ne s'est pas débarrassée de son complexe colonial, soulignant que l'Algérie est aujourd'hui un pays indépendant et souverain grâce aux sacrifices de millions de martyrs». Et d'ajouter que notre pays «n'a pas besoin de leçons dans son histoire et dans l'édification de son Etat. La nation algérienne est enracinée dans l'histoire de ce pays, avec sa particularité civilisationnelle, ses composantes culturelles et ses symboles historiques que seul un haineux comme le Président français et ses semblables des restes de la France coloniale». Et au parti que préside Abou-el-Fadhl Baâdji d'expliquer «l'étrange» sortie de Macron par son «agacement des positions cohérentes de l'Algérie en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et des Palestiniens à l'autodétermination, en plus du retour en force de la diplomatie algérienne aux niveaux africain et du Sahel, ce qui a brouillé les plans coloniaux de la France». Pour sa part, le Mouvement de la société pour la paix qualifie la sortie du Président français de véritable «déclaration de guerre contre l'Algérie en tant qu'Etat et en tant que peuple». Dans un post sur facebook, le président du parti islamiste qualifie Macron de président ignorant l'histoire, de personne arrogante et égocentrique qui insulte le Président algérien, entre dans une confrontation sans précédent avec l'ensemble du système politique, et traite l'Algérie comme s'il s'agissait d'un pays non souverain». Ceci non sans que Abderezzak Makri plaide pour une «réplique au niveau de l'insulte», estimant que «la crédibilité des dirigeants algériens est en jeu, et l'honneur de tous les Algériens est en danger s'il n'y a pas une position à la hauteur de cette insulte». Pour le leader islamiste, le Président français «se comporte avec l'Algérie comme s'il s'agissait d'un Etat sans souveraineté». Autre parti islamiste à réagir, le mouvement El Binaa qui assimile la sortie de Macron à une «hystérie liée à l'approche les élections et d'une animosité à l'égard de notre patrie et l'histoire du peuple et de l'Etat algériens». Dans un communiqué signé par son président, le mouvement signifie son «refus total à l'atteinte de la souveraineté nationale», s'opposant «totalement à l'ingérence étrangère dans les affaires internes du pays». Et de condamner «l'instrumentalisation politique, lors des campagnes électorales, de la diaspora algérienne, dont les droits et les valeurs sont négligés et bafoués ces derniers temps». Pour El Binaâ, «le gouvernement de Macron est rattrapé par son échec dans sa politique intérieure et extérieure et veut, de ce fait, exporter ses problèmes». Un gouvernement français, qui, poursuit le parti que préside Abdelkader Bengrina, «n'a réussi que dans la création de tensions et de crises». De son côté, le Front el Moustakbal s'en est vertement pris au Président français, saluant la décision de rappeler l'ambassadeur d'Algérie en France par le Président Abdelmadjid Tebboune. Dans un communiqué, le parti que préside Abdelaziz Belaïd qualifie les récentes déclarations d'Emmanuel Macron «d'offensantes pour l'histoire de l'Algérie», et relevant de l'adolescence politique et d'une attaque préméditée contre un Etat pleinement souverain». Et d'estimer que «parler de notre histoire en tant que nation unie reste une haine profondément ancrée, confirmant une fois de plus ce que le colonisateur n'a pu réaliser pendant un siècle à coup de tentatives infructueuses d'effacer l'identité et l'unité nationales». Aussi, le Front el Moustakbal exprime son soutien à la décision de rappeler l'ambassadeur d'Algérie à Paris, pour des consultations, soulignant que «l'unité de la nation et de ses institutions est une ligne rouge qui ne tolère pas ceux qui lui font du mal». Appel à la révision des accords bilatéraux avec Paris Le Rassemblement national démocratique a condamné, de son côté, les déclarations «irresponsables» du Président français Emmanuel Macron, intervenues, selon lui, «après son échec lamentable à faire avancer son peuple et à jouer un rôle positif dans la promotion de la coopération internationale en Afrique et dans le monde». Dans un communiqué, le parti que dirige Tayeb Zitouni a exprimé son rejet de «l'approche arrogante d'un pays qui semble sortir du contexte général et nager à contre-courant d'un large courant populaire en Algérie, basé sur le changement et la rupture du monopole français sur les transactions commerciales et la fin de toutes les tentatives de tutelle sur notre pays qui livre une bataille de construction et de changement selon une parfaite harmonie entre les peuples et ses institutions constitutionnelles, et en toute indépendance des laboratoires français». Le RND appelle, par ailleurs, le gouvernement à «revoir tous les accords bilatéraux avec la France, notamment commerciaux, et exige une diversification des partenariats économiques fondée sur le principe de l'équilibre des intérêts, et à prendre des mesures sérieuses et rapides nécessaires pour ouvrir le marché aux investissements étrangers prometteurs loin de toute dépendance». Il a également souligné la nécessité de mettre fin à la tutelle de la langue française dans les administrations et organismes publics, mettant en avant via divers mécanismes, la dimension civilisationnelle et culturelle de la nation algérienne. Pour rappel, l'Algérie a exprimé samedi son rejet «catégorique de l'ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures» à la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribués nommément au président de la République française, indique la présidence de la République dans un communiqué. «À la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribués nommément au président de la République française, l'Algérie exprime son rejet catégorique de l'ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos», précise la même source qui estime que les «propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5 630 000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leur vie dans leur résistance héroïque à l'invasion coloniale française ainsi que dans la glorieuse révolution de libération nationale». La présidence de la République estime, par ailleurs, que «les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l'humanité. Ces crimes, qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l'objet d'une manipulation des faits et d'interprétations atténuantes». M. K.