Plusieurs partis politiques ont réagi aux propos du Président français, Emmanuel Macron, tenus dans un entretien avec le magazine Jeune Afrique. Ils ont dénoncé une ingérence dans les affaires internes du pays. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le Président français a exprimé, dans cet entretien, son soutien à son homologue algérien en déclarant : « Je ferai tout ce qui est en mon possible pour aider le Président Tebboune dans cette période de transition.» «Il y a eu un mouvement révolutionnaire, qui est toujours là, sous une forme différente. Il y a aussi une volonté de stabilité, en particulier dans la part la plus rurale de l'Algérie. Il faut tout faire pour que cette transition réussisse. Mais il y a un facteur temps important », a ajouté Macron précisant qu'« on ne change pas un pays, des institutions et des structures de pouvoir en quelques mois». Des propos qui ont soulevé des réactions de désapprobation de plusieurs partis politiques qui ont crié à l'ingérence. «On ne peut que s'insurger contre l'immixtion du Président français dans la vie politique nationale. Sa dernière déclaration révèle au grand jour la tentation de l'ancien colonisateur de maintenir notre pays sous l'emprise de son protectorat et empêcher ainsi le peuple algérien, jaloux de sa souveraineté, d'accéder enfin à son autodétermination », lance le FFS par la voix du membre de l'instance présidentielle Hakim Belahcel. Contacté par nos soins, ce dernier a affirmé que « le destin politique national ne pourra en aucun cas être conçu en dehors des frontières de l'Algérie et encore moins contre la volonté du peuple algérien ». « La seule feuille de route qui engage les Algériennes et les Algériens sera celle qui émanera d'un dialogue responsable et sincère qui prendra en charge les revendications légitimes de la révolution populaire. Cela se fera, certainement, à l'abri de toute injonction ou ingérence étrangères », a-t-il dit. Pour le président du RCD, Mohcine Belabbas, les propos du Président français « ne sont pas une simple ingérence mais la révélation que la France est aux manettes d'une feuille de route pour notre pays ». Accusant Macron de vouloir administrer des leçons de démocratie et de gouvernance, le président du RCD a regretté le fait que le premier responsable de la France « se croit autorisé à distribuer des certificats de légitimité́ aux dirigeants des indigènes que nous sommes ». « Monsieur Macron, ce sont précisément les interventions répétées de la France officielle dans les choix souverains des pays africains qui posent problème. La France post-coloniale est une partie de notre problème en plus de faire partie d'un passé douloureux pour l'Algérie et l'Afrique », a-t-il écrit dans un communiqué. À ses yeux, l'Algérie et l'Afrique ne peuvent se complaire dans un statut de subalterne au service d'intérêts néocoloniaux. Et d'appeler les dirigeants africains, « notamment ceux élus par leurs peuples, à cesser de prendre part au sommet de la France Afrique auquel ils sont convoqués comme de simples préfets pour y recevoir des orientations et des injonctions».«Les Africains peuvent s'offrir eux-mêmes l'avenir auquel ils aspirent », a-t-il soutenu. Pour sa part, la présidente de l'UCP, Zoubida Assoul, a affirmé que « la France est pour le maintien du système qui lui préserve ses intérêts ». Elle a dénoncé « une atteinte à la souveraineté nationale » tout en rappelant que la France avait soutenu le quatrième mandat de Bouteflika malgré sa maladie. Et de s'interroger : « Contre qui Macron va aider Tebboune ? » « Non à l'ingérence étrangère surtout de la part de la France », a lancé, de son côté, Abdallah Haddad, président du Front du militantisme national (FMN), dénonçant « une atteinte à la souveraineté nationale » tout en affirmant que la France « qui veut rééditer le scénario du quatrième mandat ne fait que défendre ses intérêts». K. A.