C'est l'histoire d'une amitié entre deux femmes qui fuient leur passé pour reconstruire une vie ailleurs. Nous sommes au milieu du XIXe siècle, en Sicile. Sur un marché, Francesca rachète une esclave d'Afrique : Mayala, alias Dorato, petite-fille d'une chamane. Toutes les deux vont quitter cette île du sud de l'Italie pour une autre, en Afrique du Nord : El Dzaïr. Une traversée en bateau vers une nouvelle vie, d'une rive à l'autre. Intrigues, rebondissements et aventures tissent la trame du premier roman de Malika Chitour Daoudi, La Kafrado. Un nouveau départ publié aux éditions Casbah. Francesca et Dorato débarquent à Bône (Annaba), sous un soleil radieux, en février 1862. Elles posent leur barda dans l'auberge des Italiens. Pour passer inaperçue, Francesca, «la Contessa», se fait passer pour une veuve. En Sicile, elle a laissé Angelo, son compagnon devenu trop violent. Dans ses malles, elle a rapporté des ceps de vigne et des graines. Objectif : acheter des terres fertiles et créer un domaine qu'elle fera fructifier avec Dorato, la nouvelle amie qui va partager sa vie. Ce projet ne sera pas facile à concrétiser. Les colons ont fait main basse sur les bonnes terres et lorgnent celles qui appartiennent aux «indigènes». Francesca, la veuve italienne, rencontre Kader, le chef d'une noble tribu. Il possède également de nombreuses terres. L'exilée se demande si ce chef arabe accepterait de négocier avec une chrétienne et de lui parler en égal. Réponse de Kader, le père de Selma : « Je ne suis pas arabe, je suis de cette terre, issu d'une grande et ancienne tribu berbère. Nous avons des racines plusieurs fois millénaires, ancrées au plus profond des entrailles de ce pays. Non, ça ne me dérange pas de traiter avec une femme. Chez nous, les femmes peuvent être guerrières aux côtés de leurs maris ou frères. Chez nous, la femme a même commandé des hommes.» Après d'âpres négociations, Kader accepte de lui vendre une partie de son domaine, à condition qu'elle s'engage à ne pas chasser les personnes qui y habitent et y travaillent. Secondée par Bagata, Youmma, Selma et Dorato, Francesca crée un domaine agricole qu'elle nomme La Kafrado. En femme d'affaires avisée, elle engrange des bénéfices. Elle reste très proche du personnel qu'elle emploie. La Kafrado, domaine prospère, suscite la convoitise de plusieurs colons tels que Monsieur Pélissandre, Bruno le Maltais, le Capitaine de la Vernerie... Les actes de malveillance se multiplient. Agression, incendie criminel, cambriolage et une tresse de cheveux blonds envoyée à Francesca dite la «Contessa». Persécuté par le Capitaine de la Vernerie, Kader prend la fuite. Une escapade déguisée. Le chef de la tribu berbère aurait péri dans un incendie. Une histoire inventée de toutes pièces pour protéger sa vie. À Francesca, son amie chrétienne, il confie sa fille Selma et sa grand-mère Lella. L'avidité de Monsieur Pélissandre ne se calmera pas pour autant. Il veut s'accaparer des terres de Kader en faisant chanter Francesca dont il vient de découvrir la véritable identité. «La Contessa» réussira-t-elle à déjouer ses plans machiavéliques et vivre enfin en paix avec Dorato, l'esclave africaine qu'elle a sauvée en Sicile ? Née à Alger, Malika Chitour Daoudi vit à Constantine où elle exerce le métier d'opticienne. La Kafrado. Un nouveau départ est son premier roman. Soraya Naili La Kafrado. Un nouveau départ. Casbah éditions. 2021. 206 p. 750 da.