Le temps n'a plus le temps De choisir son métier Sa tenue, son passe-temps Ses amours, ses amitiés Il erre vagabond Sosie d'un autre temps Qui avait toute sa raison Par tous les temps Reliquats de soleil Pluies au rabais Octobre sommeille Au cœur de la baie Balafre de l'ennui Sur le pelage des jours Et les guipures des nuits Chargées d'amour Solstices trompeuses Les pôles sont nus Glaces sirupeuses Océans défendus La terre pleure Larmes de sable Les prés en chœur Fredonnent la fable Il ne pleut plus Ça fait moche Climat dissolu Et ça cloche Je suis né en octobre Certifié authentique Avec ses rires sobres Ses effluves, ses cliques Ses aurores trempées Dans la sueur de l'effort Marinées dans la lampée Des nectars du port Pas ce faux automne Calqué à l'infini Comme un clone Un sous-produit Ses arcs-en-ciel en panne Ne coiffent plus les saisons Couleur de caouane Enfouies dans leurs maisons Saisons orphelines Unifiées, normalisées Javellisées, opalines Lustrées, aseptisées Le temps n'a plus le temps De dire je t'aime À la montagne, aux étangs À la terre, à ses poèmes Aux oueds, aux taudis Aux casbahs dupliquées Dans la tiédeur des midis Aux patios ombiliqués Aux bistrots de la plage Au muscat en rasades À la nana qui nage Un rire en cascade À son copain qui rêve De passion et de dentelles Au jour qui s'achève À la lumière des chandelles L'été indien S'oublie sur nos rivages Et mine de rien S'incruste dans nos usages La soir descend Dans mon verre Ciel lactescent Le soleil se perd Viens, rentrons Il ne pleuvra pas ce soir Viens, dansons Il y a tant à boire Enivrement sophistiqué Poèmes déclamés Couplets astiqués Jetés à la mer Les jours détalent Triste rengaine Le temps s'affale La coupe est pleine... M. F. Toche, 17 octobre 2014.