Par Maâmar Farah [email protected] Le temps n'a plus le temps De choisir son métier Sa mise, son passe-temps Ses amours, ses amitiés Il erre vagabond Sosie d'un autre temps Qui avait toute sa raison Un automne à mi-temps Un almanach au rabais Les restes d'un Soleil Gueule de macchabée Octobre en bouteille Balafre de l'ennui Sur le pelage des jours Les guipures des nuits Et les étoiles autour Les équinoxes perdent le nord Les pôles leur glace Et la mer à ton bâbord N'a plus de place Pour vêtir tes yeux Couleur d'absence Il fait beau, il fait odieux C'est un non-sens Et ça fait moche Il ne pleut plus Et ça cloche Climat dissolu Est-ce la sécheresse ? Qu'en sais-je moi ? Qui suis né sous la dèche Sous le signe de l'émoi Je suis né en automne Certifié authentique Avec ses rues piétonnes Ses odeurs, ses tics Ses aurores trempées Dans la sueur de l'effort Marinées dans la lampée Des nectars du port Pas ce faux automne Calqué à l'infini Comme un clone Un sous-produit Ses arcs-en-ciel en panne Ne coiffent plus les saisons Couleur de caouane Enfouies dans leurs maisons Saisons orphelines Unifiées, normalisées Javellisées, opalines Lustrées, aseptisées Le temps n'a plus le temps De dire je t'aime A la montagne, aux étangs A la terre, à ses poèmes Aux oueds, aux taudis Aux Casbahs dupliquées Dans la tiédeur des midis Aux patios ombiliqués Aux bistrots de la plage Au muscat en rasades A la nana qui nage Un rire en cascade A son copain qui rêve De passion et de dentelles Au jour qui s'achève A la lumière des chandelles Une ombre descend Dans mon verre Ciel lactescent Le soleil se perd L'été indien S'oublie sur nos rivages Et mine de rien S'incruste dans nos usages Viens, rentrons Il ne pleuvra pas ce soir Viens, dansons Il y a tant à boire Tant d'ivresse sophistiquée Tant de poèmes à déclamer Tant de couplets astiqués A jeter à la mer Les jours détalent Triste rengaine Le temps s'affale La coupe est pleine... M. F.