La cinéaste algérienne Sofia Djama vient d'obtenir le Grand prix du meilleur projet de long métrage au Festival international d'El Gouna, en Egypte. Après Les bienheureux (2017) et sa belle carrière internationale, Sofia Djama revient avec un nouveau long métrage en préparation. Une comédie burlesque qui vient de bénéficier d'un financement au Festival international d'El Gouna, en Egypte, à travers le Prix du meilleur projet de film. Star du tapis rouge et porteuse d'un nouveau projet, Sofia Djama tourne son regard vers la région Mena pour faire vivre son cinéma après une expérience française mitigée. Jeudi moins le quart est le titre de son prochain long métrage pour lequel elle vient d'obtenir une aide à la réalisation à la 5e édition du Festival international d'El Gouna qui s'est clôturée le 22 octobre dernier. Pour son deuxième film, Sofia Djama a décidé d'élargir ses horizons en terme de recherche de producteurs : «La quête de financements est toujours un casse-tête pour nous, cinéastes, notamment en terme de liberté de création. Je ne veux plus être l'otage des exigences du CNC français qui assigne à résidence les réalisateurs algériens, nord-africains et arabes. Nous sommes cantonnés dans des sujets précis qui correspondent au regard étriqué que portent sur nos sociétés les producteurs français. C'est pourquoi j'ai opté pour la région Mena : j'ai déposé des demandes au niveau du Fdatic algérien, à Doha, en égypte, etc. C'est une manière de dire qu'il y a d'autres sources de financements où l'on peut rester libres de nos sujets et de nos choix artistiques. Je refuse de me soumettre tout autant aux attentes françaises qu'aux exigences de certaines institutions algériennes nous confinant dans un nationalisme primaire et un certain regard infantilisant.» En obtenant ce prix au Festival d'El Gouna, un événement reconnu à l'international, la réalisatrice espère donc faire respecter ses choix artistiques et récolter plus de financements ailleurs. Jeudi moins le quart est l'histoire de trois amis : Goussam, jeune femme enceinte qui veut avorter dans un pays où l'IVG est interdit ; Riad, un citoyen algéro-russe nostalgique de l'URSS, une espèce d'«anti-héros ntologique et bukowskien» ; Cherifa Griffa, une chanteuse de cabaret tenu «par un colonel qui s'ennuie». La bande trimbale dans un frigo le cadavre de Trump, le teckel mort de Riad qui veut l'enterrer dans une plage interdite au public où les trois amis manquent de se faire arrêter n'était le désordre provoqué par un mouvement populaire qu'ils s'échinent pourtant à ignorer depuis le début de leurs aventures. Goussem réussit enfin à trouver un gynéco qui accepte de la faire avorter, un alcoolique russe qui offrait jadis ses services aux oligarques algériens durant les années 1970-1980. Sous anesthésie, elle communique avec le teckel mort qui lui confie un secret... Sarah H.