Qualifiant la décision du non-renouvellement du contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) d'acte «souverain» et «responsable», l'expert pétrolier international Mourad Preure assure que l'Algérie dispose des moyens et des capacités pour honorer ses contrats d'approvisionner en gaz ses clients européens. Il estime que si le terrorisme des années 1990 n'a pas pu interrompre la livraison du gaz algérien vers l'Europe, ce n'est pas aujourd'hui que notre pays faillira à ses engagements. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Pour Mourad Preure, la décision de l'Algérie de ne pas renouveler le contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (GME), arrivé à terme le 31 octobre dernier, est d'abord un acte «souverain», mais aussi un acte «responsable» pour un pays producteur et exportateur de gaz. «Le président de la République a ordonné une action logique pour un pays producteur», affirmait-il, hier, sur les ondes de la radio chaîne 3. L'expert pétrolier international rappelle, à cet effet, la crise entre l'Algérie et le Maroc qui avait manifesté une «hostilité croissante» vis-à-vis de notre pays jusqu'à menacer l'intégrité nationale. «Nous sommes dans une situation de crise avec un pays de transit et les intérêts de nos clients nous imposent de considérer à long terme la sécurité de leurs approvisionnements. Si nous avions renouvelé le contrat et que la crise s'était aggravée, que serait-il advenu des approvisionnements gaziers de nos clients espagnols ?», dit-il. Pour satisfaire les besoins espagnols, il fait savoir que l'Algérie avait déjà anticipé en construisant le Medgaz, un gazoduc en ligne directe depuis Beni Saf jusqu'à Almeria en Espagne entré en service en 2011. «Nous disposons également sur la ligne du GME qui va de Hassi R'mel jusqu'à la frontière marocaine d'un branchement à Laâricha, dans la wilaya de Tlemcen. Nous avons construit un gazoduc de 197 km vers Beni Saf, de façon à pouvoir diriger ce flux vers le Medgaz», a-t-il expliqué. Il révèle, en outre, que Sonatrach et le partenaire espagnol Naturgy ont convenu d'un investissement pour la réalisation d'une station de compression, afin de porter le gazoduc Medgaz de 8 à 10,5 milliards de m3 par an. «Nos capacités de liquéfaction qui sont autour de 30 milliards de m3 par an sont tout à fait suffisantes. Elles sont réparties sur les trois usines de liquéfaction à Arzew et l'usine de Skikda qui est montée en production. Des capacités que l'Espagne est capable de recevoir avec ses usines de regazéification», note-t-il. S'agissant des capacités de transport du gaz naturel liquéfié, l'invité de la radio assure que l'Algérie possède huit méthaniers dont trois d'une capacité de 75 000 m3, les méthaniers Abbane Ramdane de 125 000 m3, Berge d'Arzew de 138 000 m3, Lalla N'soumer de 145 000 m3, Ouargla et Tessala de 172 000 m3 chacun. «Nous avons des capacités d'enlèvement du GNL largement suffisantes et pas seulement pour les besoins de l'Espagne», précise-t-il. Mourad Preure souligne, par ailleurs, la fiabilité de l'Algérie pour honorer ses contrats et approvisionner en gaz ses clients en Europe. Rappelant que durant les années 1990 marquées par le terrorisme, notre pays, qui disposait de 14 000 km de pipeline dans le sud du pays, avait pourtant réussi à sécuriser les approvisionnements. «Malgré le terrorisme, il n'y a jamais eu de rupture d'approvisionnement de nos clients européens. Ce n'est pas aujourd'hui que l'Algérie va faillir à ses engagements», assure-t-il. Ry. N.