Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a affirmé, dimanche dernier, que l'Algérie n'approvisionnera plus l'Espagne en gaz naturel via le gazoduc transitant par le Maroc. "Nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner en gaz naturel via le gazoduc Medgaz", a précisé le Président lors de sa rencontre périodique avec les représentants de médias nationaux. Cette décision a été prise, faut-il le préciser, quelques jours après que l'Algérie a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc en raison de ce qu'elle a qualifié "d'actes hostiles" de la part du royaume à son encontre. L'Algérie s'est de ce fait engagée à assurer l'ensemble des approvisionnements en gaz de l'Espagne par ce gazoduc (Medgaz) reliant directement les deux pays. "En cas d'éventuelles pannes, l'approvisionnement se fera à bord de navires algériens", a ajouté le chef de l'Etat. Notre pays a décidé ainsi de se passer du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui relie l'Europe via le Maroc. Concernant la poursuite du pompage du gaz algérien au Maroc à travers l'ancien gazoduc, M. Tebboune a indiqué qu'"aucune décision n'a encore été prise à cet effet", soulignant que l'Algérie continuera à pomper le gaz via ce gazoduc jusqu'à la fin du contrat en vigueur, prévue pour le 31 octobre. Jusqu'à présent, l'Algérie approvisionne l'Espagne en gaz via deux gazoducs. Il s'agit du "Medgaz" qui relie la ville côtière de Beni Saf dans l'Ouest algérien, directement à Almeria dans le sud de l'Espagne, inauguré en 2011, avec une capacité de transport de 8 milliards de mètres cubes par an. Le deuxième appelé "Maghreb-Europe", en service depuis 1996, atteint le sud de la péninsule ibérique. Le Maroc bénéficiait de ce gazoduc (GME) en percevant des revenus financiers sous forme de droits de transit, en plus de quantités annuelles de gaz naturel. Or, ce contrat qui expire vers la fin du mois d'octobre est menacé par l'escalade des tensions entre ces deux voisins du Maghreb. La réponse du président Tebboune quant au renouvellement du contrat avec les Marocains demeure évasive et elle est de nature à maintenir le suspense. En tout état de cause, Alger n'a pas écarté l'éventualité de fermer le robinet à l'expiration de ce contrat. Si pour les Espagnols la solution est trouvée en recourant au Medgaz, les Marocains, quant à eux, doivent attendre les prochains jours pour connaître la décision définitive prise par les autorités algériennes. Celles-ci, n'ont pas voulu compromettre la fourniture de gaz à l'Espagne, notamment à l'approche de l'hiver et dans un contexte de forte hausse des prix dans toute l'Europe. À l'été 2018, Sonatrach a même renouvelé le contrat d'approvisionnement de gaz à l'Espagne pour une durée de 10 ans, avec des quantités s'élevant à 9 milliards de mètres cubes par an. En dépit de crises récurrentes entre Alger et Rabat, le pipeline GME qui relie sur 1 400 km les gisements de l'Algérie, le plus gros exportateur de gaz d'Afrique, à la péninsule ibérique, a convoyé environ 10 milliards de m3 par an (pour une capacité de 13,5 mds). Le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab a mis l'accent récemment sur les capacités de l'Algérie à répondre à la demande en gaz "de plus en plus croissante" des marchés européens et plus particulièrement le marché espagnol grâce à la flexibilité en matière de capacités de liquéfaction dont le pays dispose.