Le Premier ministre et ministre des Finances rassure les députés qui, selon lui, «n'ont pas bien compris» l'article 187 du projet de loi portant loi de finances pour l'année prochaine, et ce, en louant les mérites et autres bienfaits de la décision du gouvernement de reconsidérer la politique des transferts sociaux. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Le Premier ministre et ministre des Finances a affirmé que le système actuel de subventions publiques pour les produits de large consommation pèse lourdement sur le budget de l'Etat. Aïmene Benabderrahmane, qui répondait longuement, hier, durant un peu plus de deux heures, aux membres de l'Assemblée populaire nationale, après trois jours de débats (lundi, mardi et mercredi derniers), a estimé que l'article 187 du projet de loi de finances, objet de nombre de réserves, était «mal interprété», insistant sur le fait que l'Etat s'en tenait toujours au soutien social, notamment au bénéfice des couches vulnérables. Et comme pour rassurer davantage quant à la mise en œuvre de cette disposition, il a fait part de la mise en place d'un comité qui se chargera «d'étudier la conversion du soutien global en soutien en espèces destiné à ses bénéficiaires et aux familles nécessiteuses». «Nous n'accepterons pas que le soutien de 17 milliards de dollars profite aux personnes qui ne le méritent pas, et aux intermédiaires qui ont dilapidé l'économie nationale en bénéficiant de ces transferts sociaux, et qui ne veulent pas qu'ils aillent vers leurs vrais bénéficiaires». Et au Premier ministre et ministre des Finances d'ajouter que le gouvernement objectait de récupérer l'excédent que provoquerait la réorientation des transferts sociaux pour l'injecter dans les secteurs de la santé et de l'éducation nationale, mais également pour améliorer les salaires. Rappelant la valeur des subventions sur les produits alimentaires en 2019 qui représentent 2 649 milliards de DA, soit un taux de 13% du revenu global, Benabderrahmane a estimé que le gouvernement veut désormais que le soutien de l'état soit plus efficace. En ce qui concerne le fameux listing des bénéficiaires de ce soutien ciblé et du seuil à partir duquel un chef de famille peut être considéré éligible à ce soutien dirigé, le coordinateur de l'exécutif a rassuré les députés en coordination desquels, «nous allons définir les catégories éligibles à travers la commission que nous allons mettre en place avec vous». Comme pour convaincre davantage son auditoire, Benabderrahmane soutient que «ce sont les familles aisées qui bénéficient le plus des subventions de l'état». Ajoutant que «seulement 76 milliards de dinars sont destinés aux familles nécessiteuses contre 100 milliards de dinars des subventions qui vont aux familles aisées». Ceci, «sans oublier ces fameux intermédiaires qui bénéficient annuellement de 152 milliards de dinars dans le cadre de la politique des transferts sociaux. Il faut rappeler que ce fameux article 187 qui consacre la reconsidération de la politique des aides sociales de l'Etat aux produits de large consommation est derrière le report de cette plénière dédiée aux réponses du Premier ministre et ministre des Finances puisque initialement prévue jeudi dernier. Une disposition qui a suscité une vive polémique obligeant Benabderrahmane à convenir d'un conclave avec les chefs des six groupes parlementaires de la Chambre basse du Parlement. Avec l'objectif de convaincre ses interlocuteurs d'approuver le projet, apportant des assurances et des garanties que le soutien se poursuivrait jusqu'à la création de l'appareil national de compensation monétaire au profit des familles éligibles, tel que contenu dans le texte de l'article. Un objectif visiblement atteint, puisque ces mêmes chefs de groupes parlementaires du FLN, du RND, du MSP, d'El Binaa, du Front El Moustakbal et celui des indépendants, ont tous, lors de leurs interventions, loué ce projet de loi de finances, non sans faire montre d'assurance à l'issue du long plaidoyer du Premier ministre et ministre des Finances. Ce qui fait que la plénière portant sur le vote de ce projet de loi de finances, prévue mercredi prochain, relèvera d'une simple formalité, puisque devant être approuvé à l'unanimité ou presque par les députés. D'ici là, le bureau de l'Assemblée devrait s'atteler, dès hier, à passer en revue les nombreux amendements au nombre de 57 au total, portant tous sur cette disposition 187 du PLF 2022. M. K.