La comédienne et actrice de cinéma Soheir El Bably, décédée dimanche dernier au Caire à l'âge de 86 ans, est une figure incontournable de l'âge d'or du cinéma et du théâtre égyptiens qui a cumulé plus de soixante ans de carrière artistique. On se rappelle de Soheir El Bably comme d'une icône des planches égyptiennes. Son histoire d'amour avec le théâtre avait en effet commencé très tôt lorsqu'elle rejoint l'Institut des arts dramatiques une fois son bac obtenu, et ce, malgré la farouche opposition de sa famille, excepté son père qui fut son meilleur soutien. Elle étudie également la musique au conservatoire. Très vite, Soheir El Bably devient l'une des comédiennes les plus appréciées du théâtre national égyptien, rivalisant ainsi avec ses aînées dont la renommée n'était plus à faire à l'instar de Amina Rizk et Sanaa Djamil. Elle s'est en effet distinguée dans des pièces hautement politiques et des rôles hauts en couleur, marqués par un caractère rebelle et irrévérencieux, à l'image de l'actrice. Parmi ses personnages cultes, le public se souvient jusqu'à aujourd'hui, y compris en Algérie, de sa prestation dans la pièce Raya et Sakina (1985) librement inspirée de l'histoire de ces deux sœurs tueuses en série dans l'Alexandrie du début du XXe siècle. Elle incarne également une institutrice impassible dans l'indémodable Madrassat el mouchaghibine (1973) aux côtés de Adel Imam, Younes Chalabi, Ahmed Zaki et Saïd Salah. En outre, elle campe le rôle principal dans la pièce Sur le trottoir (1987), la célèbre satire politique signée Djalal Charkaoui, restée à l'affiche durant deux ans malgré le refus d'autorisation de la commission de censure. Moins éclatant que sa carrière sur les planches, son parcours cinématographique renfermait néanmoins quelques pépites à l'instar de Nuit de miel (1990) de Mhamed Abdelaziz, L'arrestation de Bakiza et Zaghloul (1988) du même réalisateur, Une histoire égyptienne (1982) de Youcef Chahine, etc. Soheir El Bably finit néanmoins par quitter le milieu artistique et porter le voile en 1997, avant d'y revenir en 2005. Atteinte de diabète et de problèmes hépatiques, elle sera de nouveau contrainte de se retirer jusqu'à son décès dimanche dernier des suites d'un coma diabétique. L'annonce de sa disparition a charrié une déferlante d'hommages sur les réseaux sociaux et les médias. À la fois exigeante et populaire, elle incarnait pour beaucoup l'une des dernières figures de l'âge d'or du théâtre égyptien et arabe. Sarah H.