Pressing agressif, vitesse, rôle dévolu à Cristiano Ronaldo... L'arrivée imminente à Manchester United d'un entraîneur aux idées très arrêtées comme l'Allemand Ralf Rangnick, même pour six mois, devrait rebattre les cartes dans l'effectif des Red Devils qui défient le leader Chelsea cet après-midi (17h30). A Stamford Bridge, pour la 13e journée de Premier League, Michael Carrick sera très probablement pour la dernière fois sur le banc. Jeudi prochain, pour la réception d'Arsenal, Rangnick devrait être aux commandes, et ce jusqu'à la fin de la saison avant, en principe, de prendre un rôle de conseiller cet été quand un autre entraîneur de long terme aura été choisi. Carrick a fait du bon travail, mardi en Ligue des champions, avec une victoire à Villarreal (2-0) qui a qualifié Manchester pour les huitièmes de finale, en position de premier de son groupe. Les principes de jeu étaient restés très proches de ceux sous Ole Gunnar Solskjaer, démis de ses fonctions 48 heures plus tôt, même si la titularisation de Donny van de Beek et le rôle de «joker» dévolu à Bruno Fernandes ont probablement joué un rôle décisif dans l'issue positive du match. L'arrivée de Rangnick devrait cependant rapidement dynamiter le schéma très frileux mis en place en Espagne et qui a de bonne chance d'être reproduit dimanche contre les Blues. Vitesse et prise de risques Le coach allemand, «mentor» de Jürgen Klopp, ne jure que par un football fait pour étouffer l'adversaire dans son camp par le «contre-pressing», et pour l'agresser par des passes verticales rapides à la récupération du ballon. Un joueur comme Fernandes semble taillé sur mesure pour ce jeu et devrait vite être une pièce-maîtresse dans le Manchester «façon Rangnick». Van de Beek, que Solskjaer ne faisait jouer qu'en tout dernier recours, aura vraisemblablement une place bien plus importante dans la rotation — peut-être même dans le onze de départ — avec un jeu plus proche de celui professé par son ancien entraîneur Erik ten Hag à l'Ajax. En attaque, les joueurs rapides et qui aiment provoquer, comme Marcus Rashford, Mason Greenwood, Jadon Sancho ou Jesse Lingard, devraient se régaler sous les ordres du coach allemand, même s'il leur faudra donner autant dans le travail défensif qu'offensif. Ce point risque de nuire à d'autres Mancuniens, comme Cristiano Ronaldo et surtout Paul Pogba. Si le Portugais a sauvé son équipe encore et encore depuis le début de la saison, en Championnat comme en C1, avec des buts décisifs, il a souvent été pointé du doigt dans les difficultés de Manchester United à empêcher les remontées de balle rapides adverses. Pogba et «CR7» parmi les «perdants» ? Chez un entraîneur ayant bâti sa réputation sur le travail avec des jeunes, les 36 ans de «CR7» et les 34 ans d'Edison Cavani pourraient jouer contre eux, même si le statut du Portugais pourrait bien lui épargner l'humiliation du banc. Pour ce qui est de Pogba, sa qualité de passe redoutable ferait de lui une rampe de lancement idéale à la récupération du ballon, mais elle risque d'être éclipsée par ses réticences à presser haut, malgré ses qualités réelles de récupérateur. Actuellement blessé — il pourrait ne pas rejouer en 2021 — et en fin de contrat cet été, le champion du monde devra se battre pour obtenir un temps de jeu équivalent à celui qu'il avait sous les ordres de Solskjaer. En défense aussi, la ligne haute prisée par Rangnick, et que le Norvégien a essayé de mettre en place, ne sera possible que si des solutions sont trouvées à la lenteur de Harry Maguire et aux prestations décevantes des latéraux Luke Shaw et Aaron Wan-Bissaka. Raphaël Varane, quand il sera remis de sa blessure à une cuisse, devrait en revanche beaucoup se plaire sous la direction de l'Allemand, alors qu'Alex Telles à gauche et Diogo Dalot à droite pourront sans doute davantage concurrencer les internationaux anglais pour une place dans le onze de départ.