Si son arrivée a ressemblé à un conte de fées, l'intégration de Cristiano Ronaldo pose pour le moment plus de questions qu'elle n'en résout à Manchester United, qui n'a pas le droit à l'erreur ce soir contre l'Atalanta Bergame en Ligue des champions. Un accueil triomphal couronné d'un doublé contre Newcastle (4-1), quatre buts sur ses quatre premiers matchs et depuis, plus grand-chose. Le Portugais a certes marqué un but capital au bout du temps additionnel lors de la 2e journée de la C1, en donnant une victoire presque inespérée face à Villarreal (2-1). Mais il n'efface pas tout à fait les 90+4 minutes très quelconques qui avaient précédé, suivies de prestations tout aussi insipides contre Everton en sortie de banc, ou face à Leicester samedi pour une défaite 4-2 qui a relégué les Red Devils à 5 longueurs du leader Chelsea. On ne peut évidemment pas mettre sur le seul dos de «CR7» les difficultés de Manchester, qui n'a remporté que 2 de ses 7 derniers matchs. Quand une équipe encaisse 7 de ses 10 buts en Championnat sur des erreurs individuelles et qu'elle ne compte qu'un seul match sans prendre de but cette saison, l'avant-centre est rarement le principal fautif. MU avait d'autres priorités Samedi encore, Harry Maguire — aligné presque contraint et forcé par Ole Gunnar Solskjaer en raison de la blessure de Raphaël Varane après pratiquement trois semaines sans jouer ou s'entraîner —, a été impliqué sur l'égalisation à 1-1 des Foxes. Aaron Wan-Bissaka, loin d'être irréprochable sur le but du 3-2, peut aussi être pointé du doigt. Mais ces faiblesses récurrentes de l'arrière-garde ou de tout le bloc défensif sont un rappel cruel que les Red Devils avaient sans doute d'autres priorités à régler avant d'ajouter une arme offensive de plus, fusse-t-elle Cristiano Ronaldo, l'enfant chéri d'Old Trafford. Pour éviter l'humiliation de le voir peut-être signer en bleu ciel chez le voisin honni de City, ce qui aurait provoqué la rage de supporters avec qui le club marche déjà sur des œufs depuis bien longtemps, Man UTD a encore embouteillé un secteur déjà difficilement gérable. D'autant que, malgré ses 36 ans, le Portugais aurait, selon la presse anglaise, clairement fait comprendre à son entraîneur, après avoir été placé sur le banc contre Everton avant la trêve internationale, qu'il entendait bien débuter tous les matchs. Mais avec lui, Manchester presse moins bien, parce qu'il n'a pas l'intensité défensive d'un Edinson Cavani qui se morfond sur le banc ou en tribune, par exemple, alors que c'était l'une des forces de l'équipe l'an passé. Sacrifier ou sacraliser Ronaldo ? Il réduit aussi les possibilités de rotations de Solskjaer, au moment où Marcus Rashford revient en forme et que Jadon Sancho, Mason Greenwood, Jesse Lingard ou Anthony Martial briguent aussi leur part de temps de jeu. La présence de Ronaldo impose également des contraintes sur la formation de départ. «A partir du moment où Ronaldo est sur le terrain, (Paul) Pogba doit jouer en milieu axial pour que tous les joueurs jouent. Et je ne dis pas que Pogba doit sortir de l'équipe, mais il n'est pas fait pour jouer milieu axial sous le maillot de United», avait ainsi pesté récemment l'ancien joueur Jamie Carragher. «Pendant la trêve internationale on a essayé de bien regarder ce qui n'avait pas marché récemment. Mais il faut avoir un regard global et sur l'équilibre de l'équipe, et peut-être qu'il y aura des choix à faire», a admis le coach norvégien après la défaite indiscutable de son équipe ce week-end. Des choix qui sacrifieront Ronaldo ou qui chercheront au contraire à organiser encore plus l'équipe autour de lui ? Avec une série de matchs très relevée d'ici fin novembre, qui verra Manchester recevoir Liverpool puis Manchester City et se déplacer à Tottenham et Chelsea, en plus de sa double confrontation avec Bergame et le match retour contre Villarreal en C1, ils devront en tout cas être faits rapidement et porter leurs fruits immédiatement.