Voilà les élections sont faites ; elles ont eu lieu ; pour les élus (heureux), ils vont gérer ; pour les autres (perdants), ils doivent attendre le prochain scrutin, si, bien sûr, ils ont toujours cette envie de livrer bataille municipale. C'est comme ça, il y a toujours un perdant dans toute compétition. Je suppose que toutes les mairies disposent aujourd'hui de leur président. C'est le cas pour Tizi. Le nouveau maire est jeune ; il est avocat de profession ; je pense qu'il pourra livrer bataille pour le bien de la ville, sur tous les plans. Personnellement, je pense que s'il arrive à régler les problèmes de la saleté, des routes cabossées et de ces impétueux dos d'âne, de l'arborisation des trottoirs, des parkings sauvages et de l'incivilité de certains commerçants qui occupent impunément les trottoirs, ce nouveau maire aura réussi sa mission d'élu populaire. Je ne connais pas le programme, si jamais il y a un programme, de Sid Lmir. Je n'ai pas à le connaître. Un programme n'est qu'une suite de promesses qui risquent de ne pas être tenues. Je vois mieux un programme sur terrain. Je constate la volonté d'un maire tout de suite, après son installation, pour montrer sa disposition à travailler pour sa ville. Quand je dis ville, il ne faut surtout pas mettre de côté les trente-trois villages (de mémoire) qui constituent la périphérie de Tizi-Ouzou. Je sais que Tizi ne sera jamais à l'image d'une ville de « là-bas », c'est sûr, du moins de mon vivant, après, ça m'est égal ; je veux juste qu'elle redevienne la coquette qu'elle était dans les années 70. Je veux juste qu'on s'occupe de lui donner un cachet citadin, et de faire de la vieille ville sa mémoire. Est-ce trop demander Monsieur le Maire ? J'entends, ici et là, des voix aigries dire qu'il n'y aura aucun changement. Que la clochardisation de la cité est bel et bien partie. Que les maires précédents ont tous eu cette volonté de changement. Mais que rien n'a été tenté jusqu'à sa finition. Je fais partie, certainement, de ces voix aigries. Forcément, je vis à Tizi. Je ne peux que partager le ressentiment des uns et des autres. À chaque élection, à chaque nouveau maire, j'esquisse cet espoir de voir les choses bouger. Les choses changer. Dans le bon sens, naturellement. Est-ce trop demander à des élus ? Je ne le pense pas. Dès lors que l'on met le doigt dans l'engrenage bureaucratique, c'est fini ; rien ne sortira de bon de n'importe quelle municipalité. C'est plus que ne peut supporter une ville. Voilà mon message pour le maire actuel ! Hier ou avant-hier, je me suis rendu dans une polyclinique à Tizi pour trois radiographies. Je suis parti en fin de journée pour éviter la foule. Je pensais être malin dans ma p'tite tête. Du monde, il n'y en avait pas beaucoup. Une poignée, juste une poignée. Pas de quoi s'affoler. Sauf que, c'est là le miracle, point de manipulateur radio. Ouais, comme je vous le dis. J'ai cherché à comprendre ce miracle. Le monsieur a tout simplement fermé boutique, parce qu'il n'y avait pas d'eau ; et que sans eau, la machine ne fonctionne pas. Ouais, sans eau, pas de radio. Pourquoi ? Allez savoir. Je n'ai pas cherché à comprendre. Je voulais juste faire des radios demandées par un toubib. Le médecin, lui, faisait son job normalement. J'ai fait le tour du propriétaire. Personne ne dit rien. C'est ouvert à tous les vents. Bref, j'ai vu une polyclinique sale, comme pas possible. Que l'on ne vienne pas me dire le contraire. Les lits sont crades. Les couvertures, aussi. Les housses, aussi. Les montants des lits, aussi. Les murs, aussi. Le parterre, aussi. Franchement, je n'exagère pas. Sur une petite table, j'ai vu des seringues. Et d'autres choses que je n'ai pas reconnues. Des gants, peut-être. Du coton, certainement. Enfin, je ne sais pas. L'extérieur n'est pas en reste. Des bouteilles de jus vides jetées ici et là. Des boules de chique énormes (je n'invente pas). Je n'ai pas la berlue. Il y a une atmosphère de saleté qui prend à la gorge comme une nausée tenace. Partant de là, j'admire les personnels qui travaillent dans ces conditions. Comment font-ils, Seigneur ? Le lendemain, je repars refaire mes clichés ; sauf qu'au développement, ils étaient flous. De ce fait, j'ai été obligé de me rendre chez un privé. C'est tout ! Oh, il n'y a pas que ça. Désolé, je gâche la journée à celui qui lira cette chronique. Je suis vraiment désolé, car ce n'est pas le but. Je veux juste attirer, un tant soit peu, l'attention de nos responsables. Dans la foulée, je décide de demander un visa Schengen. Je me suis mis dans ma p'tite tête qu'un tour en France, malgré la Covid et les crispations entre nos deux pays, et malgré Zemmour, me ferait du bien. Malgré ma phobie de l'avion, j'ai demandé l'aide d'une agence de voyages. Ce qui fut fait. Le lendemain, on m'appelle pour me dire que le rendez-vous auprès du prestataire d'Alger est pris. Je m'y rends illico presto à l'agence. L'accueil est toujours accueillant (je fais exprès de doubler). On me prépare un papier pour aller payer un « je ne sais quoi » à la banque, laquelle banque se trouve assez loin du centre ville. Pour y aller en bagnole, il faut du courage, de la patience d'airain et un coup de volant digne de la formule 1. Ce « je ne sais quoi », qui coûte 8 900 DA, représente seulement la prise de rendez-vous, en fait c'est la prestation de service. Il m'a fallu du temps pour comprendre. Cette somme m'a assommé. Tant que ça ! Ihi mazel, vous n'avez rien vu. Je me rends à la banque ; je fais une petite queue ; je tends mon reçu. Là, on me demande de payer 13 000 DA. De quoi ? Je ne le sais pas. Jusqu'à ce moment où j'écris ces lignes, je n'ai pas encore compris le pourquoi de cette somme. On me répond à la banque que je dois payer le prestataire d'Alger ; en fait comme celui de Tizi. Je « kouhe ». Mais mon estomac commence à se retourner. Comment suis-je rentré chez moi, je ne le sais pas encore ? C'est cher payé la France ! Je ne sais plus à qui j'ai raconté cette fable des temps modernes, où l'argent perce des passages sous mer. Mon interlocuteur me dit : « Tu n'as pas encore fini de payer. Tu dois payer LE visa, une fois le dossier déposé. Prépare d'ores et déjà 13 000 DA. Si jamais chaîne il y a, tu pourras toujours payer un droit de passage VIP. Au cas où tu veux qu'on te ramène ton passeport à Tizi, tu dois encore payer.» Puis, tu dois payer le parking à 200 DA. Et si tu as une petite faim, tu paieras aussi le sandwich. Je commence à regretter ma décision d'un probable tour en France. Puisqu'il faut, par la suite, payer l'assurance voyage. Et payer surtout le billet d'avion. Sans compter qu'il faut se faire dépister, priant que l'on ne soit pas positif à ce maudit virus. Avec tout ça, ai-je la certitude d'avoir mon visa Schengen ? Y. M.