Le Forum des ligues mondiales, structure fantoche dont rares en évoquaient l'existence, se met de la partie dans le processus de déstabilisation initié par les clubs européens envers les organisateurs de la prochaine phase finale de la Coupe d'Afrique des nations (Cameroun, du 9 janvier au 6 février). Dans un courrier adressé simultanément à la Fifa et à la CAF, dévoilé par un journaliste de New York Times, la WLF annonce que les clubs européens qui emploient des footballeurs africains se mureront à appliquer la note de l'instance d'Infantino concernant la libération des internationaux à des tournois finaux, en l'occurrence une petite semaine avant l'évènement. Cette association rappelle que la date du 27 décembre à laquelle les joueurs africains doivent rejoindre leurs sélections pour la préparation du tournoi du Cameroun est «abusive, nulle et non avenue» et qui pénalise les clubs (anglais surtout) de leurs joueurs retenus pour la CAN à un moment crucial de la saison. La WLF prétexte ensuite un manque d'information sur le protocole sanitaire et la reprogrammation du tournoi africain à une période non-convenue (hiver au lieu de l'été comme prévu initialement) estimant que l'élément météorologique ne peut à lui seul expliquer ce changement de périodicité. Ce qui est un faux prétexte, faut-il en convenir, sachant que ledit changement est intervenu il y a plus d'un an à cause de la pandémie de Covid qui a causé bien des torts aux compétitions internationales dont l'Euro-2020 et la Copa America (joués l'été dernier) ou les JO-2020 également disputés en juillet-août de cette année. Cette montée au créneau de la WFL est surtout un moyen de pression supplémentaire sur les joueurs et leurs fédérations mais également une manière d'anticiper d'éventuelles sanctions de la part de la Fifa dans le cas où les clubs européens viendraient à ne pas respecter la réglementation portant sur la mise à disposition des internationaux au profit de leur sélection. Et pour cause, priver les clubs anglais de quelques joueurs durant le boxing-day et ceux de la ligue française des seizièmes de finale pendant cette petite semaine allant du 27 décembre au 3 janvier n'est pas un motif solide pour empêcher les équipes africaines de préparer le rendez-vous du Cameroun dans les meilleures conditions. Cela aura, bien au contraire, des conséquences non seulement sur le niveau de ces sélections durant la compétition, mais surtout sur le respect dudit protocole sanitaire qui préoccupe tant les clubs européens. Un joueur sélectionné qui rejoint sa sélection au tout dernier moment a toutes les chances d'être contaminé et, partant, ne peut servir ni son pays ni son club. Ce dernier ne peut même pas le rapatrier à cause des restrictions existantes ou à venir en la matière en Angleterre, en France, en Allemagne et partout dans le monde. Il est à rappeler que la WFL qu'on dit représenter 40 ligues professionnelles à travers le monde a déjà eu maille à faire avec la Fifa en l'accusant d'avoir décidé unilatéralement de prolonger la période internationale de septembre à octobre de 2 jours pour permettre à la Conmebol de programmer trois journées au lieu de deux dans les qualifications au Mondial-2022, et ce, pour compenser le report de la date Fifa de mars dernier. En outre, la WFL reproche à la Fifa sa décision de ne pas proroger l'exception à l'obligation de libérer des joueurs lorsqu'il y a une quarantaine à leur retour dans leur club. Ce qui est, pour le forum, une aberration du moment que le joueur international ne peut jouer de matchs avec son club à leur retour de la sélection du fait de la quarantaine et qu'il ne pourra pas jouer en sélection s'il manque des matchs avec son club. En fait, cette guéguerre porte plutôt sur une affaire de sous que toutes les parties ne veulent pas perdre. Et quand il s'agit d'une affaire d'argent, le principal perdant est le... public africain qui assistera à des matchs de niveau parfois ridicule même en présence des vedettes africaines évoluant dans les plus grosses cylindrées en Europe. M. B.