Un deuxième cas du variant Omicron a été détecté en Algérie, au même moment où le pays connaît une flambée épidémique avec le variant Delta. Le seuil des 300 cas est pratiquement franchi. L'allure de la propagation du virus soulève moult interrogations et inquiétudes quant à la suite des événements. Les spécialistes augurent un bilan des contaminations plus lourd dans les prochaines semaines, et disent ignorer l'ampleur de cette nouvelle vague. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Mais à ce stade, doit-on s'inquiéter du variant Delta ou du variant Omicron ? Les experts interrogés à ce sujet s'accordent à dire que nous vivons actuellement une situation inédite. Et pour cause, en sus de faire face à la menace « locale » représentée par le variant Delta, un nouveau variant fait son entrée sur le territoire national, l'Omicron, bien que celui-ci semble a priori moins virulent. Le docteur Mohamed Bekkat Berkani dresse un tableau peu optimiste et précise les circonstances qui favorisent la propagation du SARS-COV-2 et de ses variants. Il estime d'abord que «le nombre de personnes vaccinées reste en deçà des objectifs tracés, et peu suffisant pour espérer contrer ce rebond des contaminations». Les craintes de notre interlocuteur sont aussi en rapport avec « les derniers regroupements sportifs et le relâchement manifeste en termes de respect des gestes barrières sur les lieux publics ». Il rappelle que la hausse des cas de contamination peut aussi s'expliquer par le fait que nous sommes entrés dans la saison hivernale. « Le corona est un virus respiratoire et, à cette période, les gens sont moins portés à aérer leurs maisons ou d'autres espaces », fait-il remarquer. Un facteur qui privilégie d'une certaine manière la transmission du virus, d'après lui. Le docteur Bekkat Berkani explique que d'un côté, nous avons une propagation extrêmement rapide du virus, mais de l'autre, « nous sommes en retard sur la vaccination qui est notre seul espoir de réaliser un bouclier vaccinal». Pour lui, il est temps de prendre le taureau par les cornes et d'obliger, s'il le faut, certains corps à se faire vacciner. Les spécialistes ne le diront jamais assez ; la généralisation de la vaccination reste le seul moyen d'armer la population contre les préjudices de ce virus. D'aucuns craignent que le variant Delta se propage davantage et entraîne, par conséquent, un nombre d'hospitalisations important. Le docteur Yousfi Mohammed, chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital de Boufarik, a fait état d'un taux d'occupation des lits de 50% en réanimation. «Ce qui illustre la gravité de la situation sanitaire que nous vivons», avertit-il. Evoquant le variant Omicron, le docteur Yousfi souligne que pour l'heure, il n'est pas «la préoccupation majeure des spécialistes». En sachant que les particularités de ce nouveau variant sont plus contagieuses mais visiblement moins virulentes que le Delta. C'est la seule chose de positif qui peut être tirée de l'évolution actuelle de l'épidémie en Algérie, d'après le chef de service des maladies infectieuses. Il plaide, lui aussi, pour la vaccination de masse, et en appelle à la raison des citoyens. Aussi, il invite les autorités à imposer les gestes barrières, peu importe la manière. «Les gens doivent aussi comprendre que les répercussions n'en sont que plus grandes sur les personnels soignants qui sont au bord de la rupture», a-t-il rappelé. M. Z.