Le professeur Ryad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de la pandémie, a expliqué que le séquençage du virus de Sars-Cov-2 est la seule technique qui permet d'identifier et de tracer de façon précise les variants du Covid-19. Or, cette méthode est encore peu développée en Algérie, dans le sens où seul l'Institut Pasteur est habilité à le faire. Il devient par conséquent très difficile de séquencer tous les PCR positifs. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Ryad Mahyaoui, qui était, hier, l'invité de la Radio nationale Chaîne 3, considère la technique de biologie moléculaire qu'est le séquençage « comme le seul moyen de connaître réellement le nombre de variants qui se propagent en ce moment dans le pays ». Il avance que les données dont dispose le Comité scientifique font état de 200 personnes contaminées par ces mutants, dont 129 dérivent du variant nigérian, et 70 du variant britannique. Pour autant, le professeur Mahyaoui relève que « nos moyens de séquençage ne sont pas encore développés », précisant, dans la foulée, que l'Institut Pasteur est seul à pouvoir réaliser cette technique. « Si on veut suivre le traçage de la propagation de ces variants, il serait judicieux d'augmenter le séquençage », recommande-t-il. D'autant plus que ces variants sont « extrêmement contagieux », a-t-il ajouté, faisant remarquer au passage l'abandon des gestes barrières. Un relâchement « dangereux », dit-il, au moment où les mutants du virus gagnent du terrain. « Il est très important de rester vigilant », prévient ce membre du Comité scientifique. D'après lui, bien que la pandémie semble a priori « maîtrisée », ce qui est bien le cas, il faut prendre en considération la propagation rapide de ces variants, et le léger frémissement du nombre de cas de contamination. Il rappelle que le nombre de consultations ne cesse d'augmenter, jugeant que ce détail ne doit pas être ignoré. Ryad Mahyaoui admet que la hantise des spécialistes aujourd'hui, c'est d'affronter une « troisième vague beaucoup plus meurtrière que les précédentes ». Cette prévision pourrait devenir réalité si « l'état d'alerte n'était pas maintenu à son plus haut niveau ». Il appelle d'ailleurs les responsables de tous les secteurs d'activité à imposer les gestes de protection les plus élémentaires, afin d'anticiper sur un éventuel rebond des contaminations. Abordant le rythme nonchalant de la campagne de vaccination contre le Covid-19, Ryad Mahyaoui tient à souligner que « cela dépend de la réception des doses de vaccin ». Il met en avant le travail des acteurs concernés, « pour accélérer la cadence et trouver des solutions dans le but de vacciner le plus de personnes possible ». « Nous veillons à répartir équitablement les 800 000 doses de vaccin déjà réceptionnées en attendant la suite », a-t-il ajouté. Il fait aussi savoir qu'un nouvel arrivage du vaccin russe Sputnik V est attendu à la fin du mois en cours. Ce qui permettra, sans doute, « de généraliser peu à peu la vaccination », souligne le professeur. Interrogé sur l'immunité collective, Ryad Mahyaoui estime que tant « que nous ne disposons pas de données scientifiques claires sur la question, il est impossible d'affirmer que nous l'avons atteinte. Pour lui, la vaccination à grande échelle demeure la seule solution pour immuniser l'ensemble de la population. M. Z.