Le président de l'Assemblée nationale a présidé avant-hier une réunion des responsables des commissions et du bureau de l'APN. À l'ordre du jour, «les problèmes rencontrés par les députés» dans l'exercice de leur... travail d'élus du peuple. On ne sait pas qui - statutairement - des deux parties, les parlementaires ou le président du Parlement, a souhaité cette rencontre et on ne le saura pas davantage au terme des «concertations». À lire l'intitulé de la réunion, on comprendrait logiquement que ce sont les députés qui, soucieux de se rendre utiles et servir ceux qui les ont désignés à la représentation nationale, ont voulu mettre tous les atouts de leur côté afin d'être le plus efficace possible. Mais en lisant l'intervention de «bienvenue» de M. Boughali, on se rend compte que c'est lui-même, à moins que ce ne soit une oreillette actionnée de plus loin, qui a conduit à la rencontre. Apprécions donc la... sommation : «Les députés sont appelés aujourd'hui, plus que jamais, à promouvoir leur performance parlementaire, en vue d'une meilleure représentation des citoyens qui leur ont donné leurs voix, et ce, dans le but d'opérer le changement escompté auquel aspirent les Algériens pour l'édification de l'Algérie nouvelle.» Peut-être que tout est dans le ton, dans le propos du président de l'Assemblée nationale qui ouvre un rendez-vous de travail technique, théoriquement du moins. Le problème est qu'il n'y a pas que des considérations de courtoisie dans l'affaire et c'est donc... normal que ça introduise autre chose de plus «sérieux». Il n'est donc question ni de majorité, ni de minorité(s), ni d'alliances conjoncturelles possibles ! De là à imaginer une... liberté d'action et de parole du député, quand bien même il appartiendrait à la «majorité», ça relèverait donc du pur délire ! Ainsi envisagée, l'action parlementaire est appelée à s'aligner sur les choix de l'exécutif, le tout étant de lui assurer la meilleure logistique qui rentabilise sa contribution à l'effort général. Et voilà donc que cette «part de marché» est contrariée par des... ministres qui ont l'outrecuidance de ne pas répondre aux questions toujours si pertinentes et vitales pour l'avenir du pays. Et le député n'a pas à faire son travail d'opposant ni même d'allié critique parce que libre ! Alors on se réunit et on se plaint du fait que la famille ne fait pas tout pour que tous ses membres puissent... faire semblant. A moins que ce ne soit qu'une stratégie de «défense» : vous pensez qu'on ne fait pas correctement ce que vous attendez de nous ? Ce n'est pas de notre faute, voyons. Commencez par dire à vos ministres de nous prendre un peu plus au sérieux. Ce n'est manifestement pas encore le cas. S. L.