La plupart des députés disent être conscients de leur responsabilité et promettent de travailler pour gagner la confiance de la population. "Je m'engage à coordonner avec les différents groupes et le gouvernement pour faire réussir le programme du président de la République." Plébiscité jeudi, en fin de journée, président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Ibrahim Boughali affiche ses intentions. Cet homme, inconnu du grand public, natif de Ghardaïa, est propulsé sur le devant de la scène ces derniers jours. À la recherche de la perle rare pour présider la Chambre basse du Parlement, le chef de l'Etat a porté son dévolu sur cet ancien banquier de 58 ans. Mais séparation des pouvoirs oblige, il fallait y mettre la forme. Si tous les groupes parlementaires de ce qui est devenu par la force des choses la "majorité présidentielle" ont bien reçu le message en s'abstenant de présenter des candidats, le MSP a présenté Ahmed Sadok, le chef de son groupe parlementaire. Il n'a obtenu que 87 voix, contre 295 pour le désormais 3e personnage de l'Etat. Les dés étaient donc jetés bien avant l'ouverture, vers 11h, jeudi, de la séance parlementaire destinée à valider les mandats des nouveaux élus. Dans les travées de l'Assemblée nationale qui grouillent de monde, il ne fait plus de doute : Ibrahim Boughali devait être "élu". Et pour ne pas prendre de risque, même la Radio nationale se met de la partie. Dans une retransmission en direct, avant le début de la séance inaugurale, la Chaîne III a martelé à plusieurs reprises le nom de celui qui devait devenir le nouveau président de l'APN. Dans la matinée, les nouveaux députés, jeunes pour la plupart, ont découvert l'hémicycle Zighoud-Youcef. Pour nombre d'entre eux, cela ressemble plutôt à une rentrée des classes. Certains ont préféré les feux des caméras des chaînes de télévision pour donner leurs impressions. D'autres ont choisi de se mettre à l'écart. C'est le cas de Mouloud Habdnessi. En tenue traditionnelle targuie, ce député d'El-Moustakbal de Tamanrasset ne semble pas être impressionné par son nouveau statut. "Je prends cette élection comme une énorme responsabilité, dit-il, sereinement, d'une voix à peine audible au milieu de ce brouhaha. Je suis très conscient de ma mission qui est celle de défendre mes concitoyens." Ce trentenaire, banquier de profession, ne se sent pas concerné par le fort taux d'abstention enregistré au niveau national, puisque le taux de participation dans sa wilaya a dépassé 50%. Ce n'est pas le cas d'Abderrazak Ouled-Biziou. Cet élu d'El-Bina d'Ouled-Djellal, à la silhouette élancée, cravate grenat bien nouée, ne veut pas ignorer la réalité. "Je suis d'une région qui d'habitude vote, mais qui s'est abstenue cette fois-ci. Il y a une perte de confiance de la population", a-t-il concédé. Pour retrouver cette confiance, l'homme estime que c'est aux députés de "travailler" parce que "sur le plan social, c'est une catastrophe. La population manque de tout. Nous avons une énorme responsabilité". Un discours que partage Aziz Abdelkader, élu indépendant de Tissemsilt. Ce trentenaire, mince et avenant, issu du mouvement associatif, est devenu la coqueluche des journalistes. Il se dit déterminé à "proposer des lois pour soulager la souffrance des citoyens". Peut-il le faire au vu de la configuration actuelle de la scène politique ? "Nous allons essayer", dit-il timidement. Maintenant que leur mandat est définitivement validé, les députés choisiront les représentants des instances de la Chambre basse. Leur première mission va être de débattre le programme d'action du gouvernement.