Les biologistes médicaux, relevant du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, demandent le gel des autorisations d'installation accordées aux biologistes mono-spécialistes qui se retrouvent à gérer des laboratoires polyvalents. Et ce, pour préserver la santé publique, estime le docteur Bakhti Dalila, représentante des biologistes médicaux, qui appelle à la création d'une direction de biologie médicale au niveau du ministère de la Santé. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le docteur Bakhti explique que la biologie clinique se divise en cinq spécialités, à savoir la biochimie, l'hématologie, la parasitologie, l'immunologie et la microbiologie. La fiabilité et la qualité des résultats d'analyses, dit-elle, requièrent la maîtrise des cinq spécialités. Seulement, souligne cette représentante des biologistes médicaux relevant du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, l'ancien ministre de la Santé, Amar Tou, a accordé des autorisations d'installation aux biologistes mono-spécialistes. Pourtant, précise-t-elle, la formation du monospécialiste ne touche qu'un domaine précis de la biologie médicale et ne couvre pas les différents volets que doit assurer un laboratoire polyvalent. «Je ne dénigre pas les monospécialistes mais leurs compétences sont limitées, puisque, durant leur cursus universitaire de spécialité, ils n'ont fait qu'une seule spécialité des cinq spécialités qui concernent la biologie», a déclaré le docteur Bakhti qui demande le gel des autorisations accordées aux monospécialistes. «Cela va dans l'intérêt de la santé publique pour que les résultats soient fiables et corrects», dit-elle. Pour régler ce problème de qualification, notre interlocutrice dit avoir fait des propositions au ministère de la Santé afin que ces monospécialistes puissent compléter leur formation. Cependant, aucune suite n'a été donnée à la proposition des biologistes médicaux. Elle souligne, d'ailleurs, que dans les systèmes de santé du monde entier, l'exercice de la biologie médicale est strictement réservé aux médecins et pharmaciens titulaires d'un diplôme de biologie médicale polyvalent, hormis en Algérie, où c'était pourtant le cas jusqu'en 2008. Les examens de biologie médicale, souligne le docteur Medjahed Billel, pharmacien biologiste, ont une grande importance dans le diagnostic et contribuent actuellement à environ 70 ou 80% des diagnostics réalisés. La biologie médicale est devenue un élément central du parcours de soins des patients et cela a été prouvé durant cette pandémie de Covid, dit-il. Pourtant, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a gelé la spécialité de biologie médicale. Selon le docteur Bakhti, «des biologistes qui font l'université de Bab Ezzouar, qui sont des fondamentalistes, se trouvent à valider certains résultats des structures étatiques et c'est un danger pour le patient». Par ailleurs, les biologistes médicaux, qui rappellent qu'il n'existe pas une structure qui chapeaute cette fonction au niveau du ministère de la Santé, appellent à la création d'une direction de biologie médicale au niveau du ministère de la Santé. Le Syndicat national des biologistes de la santé publique est du même avis. «Logiquement, un monospécialiste ne peut pas gérer un laboratoire polyvalent car il n'est pas qualifié à faire tous les tests, mais il y a du lobbying», a déclaré le porte-parole du syndicat. Faudra-t-il geler les autorisations ? «Geler non, mais il faudrait les rationaliser et les affecter vers des zones où il y a un manque de laboratoires», propose M. Aït Saïd, qui souligne que ces monospécialistes peuvent très bien assurer les bilans de routine. «Ce sont les machines qui font tout, il suffit juste qu'ils maîtrisent le contrôle de qualité et la calibration», précise le porte-parole du Syndicat des biologistes de la santé publique. S. A.