Tout autant que la réforme de l'impôt sur le revenu et de son impact sur le porte-monnaie des salariés, l'adoption d'un nouveau système de subventions sur les produits de base focalise encore l'attention des Algériens, bien que la loi de finances 2022 soit entrée en application. Ce qui se comprend puisque, pour le texte d'application, il va falloir encore prendre son mal en patience avant d'être fixé. Plusieurs tentatives de réforme du système de subventions ont été engagées depuis plus de vingt ans, sans jamais pouvoir être menées à leur terme. C'est que le sujet est d'une très grande sensibilité, la paix sociale en dépend, dans une grande mesure. Depuis novembre dernier, on sait qu'il n'a plus longtemps à vivre, le système de subventions qui permet jusque-là à l'ensemble des Algériens, sans distinction de statut social et de revenu, de se procurer les produits de base au même coût. C'est en fait un sujet sur lequel tout le monde s'est accordé pour dire que le système tel qu'il a toujours été conçu ne profite pas exclusivement à ceux auxquels il est en principe destiné. Sa réforme a, depuis que la réflexion a été engagée, suscité et suscite encore des appréhensions et ce n'est pas, apparemment, avec l'entrée en application de la nouvelle loi de finances que cette anxiété s'estompera. Ceci même s'il est acté acquis que la levée des subventions de l'Etat ne concernera que les catégories de citoyens aux revenus importants. Pour procéder au démantèlement du système de subventions en place, le gouvernement a opté pour des compensations financières directes au profit des ménages y ouvrant droit, tel que l'énonce l'article 188 de la loi de finances entrée en vigueur samedi. «Il est mis en place un dispositif national de compensation monétaire au profit des ménages qui y sont éligibles, composé, notamment, des départements ministériels concernés, d'experts économiques concernés, ainsi que d'organismes professionnels», stipule l'article en question. Ainsi, est-il encore expliqué, les prix des produits subventionnés sont révisés et modifiés après définition des mécanismes et procédures par le dispositif retenu en vue de fixer les indemnités destinées au profit des familles habilitées au transfert monétaire direct. Les résultats du travail du collège des représentants des ministères concernés, d'experts en questions économiques et d'organismes professionnels seront soumis à l'Assemblée nationale «sous forme de projet de loi pour y statuer, notamment, la liste des produits subventionnés concernés par la révision des prix, les catégories des familles visées, les critères d'habilitation pour l'obtention de cette indemnité, ainsi que les modalités de transfert monétaire», est-il noté également dans l'article 188 de la loi de finances 2022. Jusque-là, on sait que «seulement un tiers des Algériens est concerné par la levée des subventions généralisées», confiait le président de la République lors d'une rencontre avec des responsables de la presse nationale, à la fin novembre dernier. Azedine Maktour