S'il y a une chose sur laquelle s'accordent les participants à la rencontre sur le renouvellement du système de santé, c'est l'urgence de le réformer en profondeur. Le Premier ministre, qui présidait l'ouverture des travaux de ladite rencontre, affirme que le diagnostic est connu de tous et qu'il nécessitait des solutions pratiques à mettre rapidement en place. Aïmene Benabderrahmane a rappelé les gros investissements consentis par les pouvoirs publics sans que cela ait des répercussions sur la qualité des soins ; plaidant pour la mise en place urgente d'une nouvelle feuille de route. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Ouverture hier samedi des travaux de la rencontre nationale sur le renouvellement du système de santé. Les participants ont la lourde tâche d'élaborer des recommandations pouvant permettre de mettre en place une feuille de route. Le chantier est énorme, tant tout semble à refaire. Le diagnostic est sans appel : le système de santé engloutit des milliards sans faire preuve de performance. Aïmene Benabderrahmane, qui présidait hier les travaux de la rencontre, a plaidé pour une réforme «profonde» à partir de «données objectives». S'adressant aux participants, le Premier ministre dira qu'il était inutile de s'attarder sur un diagnostic connu de tous, estimant que l'urgence résidait dans des «solutions d'ordre pratique et concret à mettre en œuvre» pour pouvoir instaurer, dit-il, un système de santé qui soit plus «juste» et dans lequel il ne faut pas connaître des personnes du milieu médical pour pouvoir se faire soigner dans le secteur public. Chiffres à l'appui, le Premier ministre a rappelé le grand écart existant entre les financements consentis et la qualité du système de santé, poussant Aïmene Benabderrahmane à se demander s'il s'agissait d'un problème de moyens ou de gestion, puisque les budgets colossaux n'ont pas encore hissé le système de santé au niveau attendu. L'Etat, dit-il, a beaucoup investi dans les infrastructures avec 629 établissements de santé opérationnels, un niveau de couverture qu'il juge bon avec une moyenne de 17 lits pour 10 000 personnes et de 12 médecins pour 10 000 habitants. Pas moins de 1 150 millions dinars sont alloués en 2021 au secteur de la santé. L'apport public est passé de 34% à 75%. Ces efforts, dit-il, ont permis des améliorations dans beaucoup d'indicateurs, même si certains restent insuffisants. Au plan de la ressource humaine, les statistiques démontrent une hausse des postes d'emploi dans le secteur, passant de 234 000 en 2010 à 337 000 postes en 2021. Les praticiens sont au nombre de 65 000 dont 5 000 hospitalo-universitaires, 2 000 pharmaciens et 7 000 chirurgiens dentistes, rappelle le Premier ministre. Où se situe le problème ? Dans la gestion qui nécessite, dit-il, une «nouvelle feuille de route» qui assure plus d'équilibre régional et garantisse un accès à tous à la santé. De manière urgente, le Premier ministre demande d'opérer des changements dans le mode de gouvernance, en se basant sur une plus grande rigueur dans le contrôle. Rappelant que le système de santé était basé sur le principe de la gratuité des soins, la question de la qualité de ces derniers reste posée, mais également celle de la modernisation de tout le système sur la base de critères d'efficacité à travers la prochaine carte sanitaire, mais surtout en tirant les leçons des précédentes réformes qui n'ont pas abouti pour enfin améliorer la prise en charge du malade, de l'accueil notamment aux urgences, mais également la résorption des déficits dans certains corps comme les anesthésistes et les sages-femmes, tout en arrêtant ce que le Premier ministre qualifie d'hémorragie des transferts vers l'étranger des malades. Prenant la parole à son tour, le ministre de la Santé a rappelé dans quel contexte intervenait la rencontre d'hier, après deux années de pandémie. Elle devrait, selon Benbouzid, permettre au système de santé de «prendre un nouveau souffle pour la relance et la modernisation du système de santé» pour enfin aboutir à «un nouveau système basé sur une meilleure gestion des ressources financières ou humaines». 700 participants, répartis sur huit ateliers qui s'intéressent notamment à la gestion des soins, la numérisation, les équipements, mais également le financement et la gouvernance, remettront aujourd'hui leurs recommandations au second jour de la rencontre en présence du président de la République qui, aux dires du ministre de la Santé, devra les valider pour enfin mettre en place les mécanismes pour leur application. N. I.