Entretien réalisé par Salima Akkouche Le président de la Société algérienne d'immunologie estime que d'ici la fin du mois de janvier, le variant Delta va disparaître. Il ne s'agit pas de la fin de la pandémie, selon les prévisions du professeur Djenouhat, le variant Omicron sera prédominant. Selon lui, si la situation relative à l'occupation des lits Covid (50% de lits sont occupés) n'est pas alarmante, le nombre d'occupations de lits de réanimation qui ne cesse d'augmenter est inquiétant. Le professeur Djenouhat estime, par ailleurs, que l'hôpital et les cliniques privées constituent des lieux à haut risque et doivent être les premiers à être concernés par l'application des mesures relatives au pass vaccinal. Tout comme les établissements scolaires. Le corps des enseignants, dit-il, doit rentrer dans ce groupe à haut risque. Le Soir d'Algérie : Le pass vaccinal a été institutionnalisé. Comment sera-t-il appliqué ? Peut-on considérer qu'un établissement scolaire ou un hôpital comme étant des lieux qui reçoivent un public et où donc le pass vaccinal doit être exigé ? Pr Djenouhat : Vous savez que la gestion de la pandémie ou de la crise Covid est une action collégiale multisectorielle, où plusieurs ministères doivent intervenir et non seulement celui de la Santé. Les décisions fondées sur des évidences scientifiques émanent bien sûr du Conseil scientifique de suivi de la Covid, alors que l'application des instructions relève des prérogatives des autorités compétentes. Nous, la communauté scientifique, saluons et adhérons entièrement à la décision d'institutionnalisation du pass vaccinal et appelons les collectivités locales au respect strict de cette instruction. Effectivement, l'hôpital et les cliniques privées constituent des lieux à haut risque et doivent être les premiers à être concernés par l'application de ces mesures. Par ailleurs, dans les établissements scolaires, le corps des enseignants doit rentrer dans ce pool. Vous avez annoncé que la fin du mois de janvier sera rude par rapport aux contaminations Covid. Risquons-nous de revivre l'épisode de l'été dernier ? L'Algérie ne peut pas échapper à ce qui est en train de se passer dans tous les pays du monde. Ces pays ont vu le variant Omicron arriver dès que la courbe de la quatrième vague, due principalement au variant Delta, était en phase descendante, et on assiste à une situation pandémique avec des chiffres records quant aux nouveaux cas de contamination par le virus SARS-CoV-2. On est passé du record détenu par le variant Alpha ou anglais, qui est de neuf cent mille cas par jour à la fin du mois d'avril 2021 à deux millions sept cent mille cas le 7 janvier 2022. Donc, on assiste à une flambée et un scénario qui n'a été imaginé ou prédit par aucun expert. C'est pour cette raison que nous, en Algérie, sommes en train de vivre une vague mixte Delta-Omicron, et comme vous le savez, l'Omicron, caractérisé par une grande vitesse de propagation, là où il arrive, il dépasse tous les variants pré-existants. Cela serait le cas chez nous et on estime que d'ici la fin du mois de janvier, il n'y aura plus de variant Delta. J'espère qu'on ne va pas revivre l'épisode de l'été dernier du fait de sa faible virulence par rapport au variant Delta, mais il faut rester très vigilant par rapport à cela, puisqu'on est en train d'assister à une augmentation relative du nombre de décès dans les pays où l'Omicron prédomine avec presque 100% des variants. La situation dans les hôpitaux, actuellement, est-elle inquiétante ? Aujourd'hui, la situation dans nos hôpitaux est inquiétante mais pas alarmante. Dieu merci, la situation est toujours maîtrisée et on est un peu loin du scénario de l'été passé. C'est-à-dire loin de la saturation des structures hospitalières. On estime l'occupation des lits dédiés au Covid à 50%. Néanmoins, et comme on a un peu de recul par rapport à cette maladie, cette affection peut évoluer d'une manière imprévisible à n'importe quel moment. Chose qui reste aussi inquiétante est le nombre d'occupations de lits de réanimation qui ne cesse d'augmenter. Devrions-nous nous alarmer plus de la hausse des nouveaux cas de Covid-19, avec plus de 400 cas par jour ou de la propagation du variant Omicron ? Nous l'avons mentionné à maintes reprises dans nos interventions, ce chiffre doit être multiplié par un facteur de cinq minimum, et cela pour plusieurs raisons. La première, on sait très bien que ne sont comptés ou comptabilisés que les cas diagnostiqués par PCR par des laboratoires homologués par l'Institut Pasteur d'Algérie. Cela sous-entend que les autres PCR des laboratoires non homologués ne sont pas comptées. La deuxième raison est, comme tout le monde est en train de le constater, plus de forme modérée avec une symptomatologie pseudo-grippale et les patients ne se font même pas tester. La troisième raison est que la plupart des médecins préfèrent prescrire les tests antigéniques, plus rapides, spécifiques et moins coûteux. La quatrième raison, nous avons plus de 50% des malades hospitalisés avec des PCR négatives, les malades arrivent malheureusement tard après le début de la symptomatologie. La dernière raison est l'absence des tests des personnes contact. Vous savez, l'Omicron, lorsqu'il arrive dans un pays, c'est la multiplication des nouveaux cas par deux. Chaque deux, trois jours. Ce sont des données et des constatations scientifiques admises dans le monde entier, on peut faire une exception. S. A.